Décoration des deux capitaines du Sea-Watch en France: les Italiens exaspérés

Depuis que la Ville de Paris a annoncé, vendredi dernier, qu’elle allait remettre la médaille Grand Vermeil aux jeunes capitaines allemandes du navire Sea-Watch, Carola Rackete et Pia Klemp, pour réaffirmer son « soutien aux femmes et hommes qui œuvrent au sauvetage des migrants », c’est le déchaînement anti-français sur les réseaux sociaux en Italie.

De notre correspondante à Rome,

Le premier à réagir a été le ministre de l’Intérieur, toujours très loquace sur Twitter et sur sa page Facebook. Matteo Salvini a en effet immédiatement tenté de détourner l’attention sur l’affaire de financement présumé de son parti par la Russie en postant ce commentaire au vitriol : « Hypocrisie française ! Ils récompensent Carola Rackete comme si c’était une héroïne. Mais Paris n’a pas répondu à ses demandes d’aide. »

« Quoi qu’il en soit, les Français se lient à une personne qui a heurté un patrouilleur et mis en danger la vie des militaires à bord, comme le ferait le plus violent des gilets jaunes ! » Il est vrai que la capitaine a légèrement heurté une vedette en accostant de force au port de Lampedusa le 29 juin. Et que dans un entretien à un hebdomadaire, Le Nouvel Observateur, très relayé par la Toile, elle dit avoir sollicité la France, pour débarquer les migrants à Marseille.

Mais elle n’aurait en effet obtenu aucune réponse. D’oùl’emportement de Giorgia Meloni, la cheffe du parti postfasciste Fratelli d’Italia, qui a posté plusieurs messages sur son compte Facebook. Dont celui-ci : « Une provocation honteuse de la France ! Cette même France qui a bombardé la Libye et qui, maintenant, alimente la guerre civile en vendant illégalement des armes aux Libyens (...) »

Les Italiens acides

« La France a toujours le nombril plus haut que ses oreilles. » « Macron rame contre l’Italie qui refuse de se plier à ses caprices. » « Rackete ne mérite qu’une récompense : la prison ! » On observe aussi que le site web du quotidien très droitier Il Giornale consacre un bel espace aux Gilets noirs, le collectif de sans-papiers qui a occupé le Panthéon le 12 juillet : « Alors que Paris s’apprête à récompenser deux soi-disant symboles des droits de l’homme, les Gilets noirs s’insurgent contre la France qui les humilient, les exploitent et les déportent. »

Concernant les deux capitaines - surtout Carola Rackete qui fait couler beaucoup plus d’encre que Pia Klemp -, 60% des Italiens approuvent la dureté de Matteo Salvini.Quant à l’initiative de la Ville de Paris, elle suscite le courroux. Mais deux maires de gauche, celui de Naples Luigi De Magistris, et celui de Palerme Leoluca Orlando, se sont à leur tour déclarés « prêts à honorer le courage des deux humanitaires ». Et parmi les parlementaires du Parti démocrate, l’eurodéputé Pietro Bartolo - célèbre médecin de Lampedusa - a posté un message très solidaire. « La ville de Paris, dit-il, aide à prendre conscience de la situation en Italie, où ceux qui sauvent des vies sont poursuivis par la justice comme des criminels. »

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