Avec notre envoyée spéciale à Istanbul, Anissa El Jabri
Ekrem Imamoglu ne hausse jamais le ton, mais ses mots sont sévères pour les 25 ans de gouvernance de l'AKP. Un tabou qu’ils sont rares à Istanbul à briser haut et fort : une trentaine d’entreprises propriétés de la mairie et deux régies municipales se partagent l’immense manne financière des marchés publics – eau, transport, BTP.
À chaque fois une gestion opaque, un système d’appel d’offres obscur et un système clientéliste qui profite à des fondations proches du premier cercle du pouvoir et à la base électorale du parti.
Les grues sont encore partout à Istanbul, mais avec la récession le système se grippe. Les milieux économiques eux rêvent d’une autre gouvernance, mais à mots feutrés on évoque la société civile qui a besoin d’être entendue, le respect de l’environnement, une manière de critiquer sans le dire l’autoritarisme du pouvoir et sa politique de grands travaux au détriment de l’écologie.
Erdogan a déjà préparé sa riposte : un décret prêt à être signé qui placerait les grands marchés publics de la ville sous tutelle du gouvernement. « L’élection ne vise qu’à désigner le maire », a-t-il récemment déclaré, un « simple changement dans la vitrine ».
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