Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Le candidat d’opposition Ekrem Imamoglu l’avait emporté le 31 mars avec moins de 14 000 voix d’avance dans une ville de dix millions de votants. Pour ce nouveau scrutin, il aura donc besoin de tous ses électeurs. Mais une partie d’entre eux n’est plus à Istanbul et n’a pas les moyens de revenir. C’est notamment le cas de milliers d’étudiants.
Sur les réseaux sociaux, la plateforme « Voyage pour la démocratie » propose à ces jeunes de financer leur aller-retour grâce aux dons de particuliers. Elle compte aider 3000 électeurs qui s’engagent verbalement à soutenir Ekrem Imamoglu.
Certains critiquent cette condition, mais Aysen Özagar, à l’origine de l’initiative, s’en justifie : « J’entends dire : "Quand vous parlez de démocratie, est-ce que ça ne concerne pas tous les électeurs ?" C’est vrai. Mais selon nous, la démocratie, c’est quand le candidat élu devient maire. Là, le vainqueur a été privé de sa victoire pour des raisons injustes et incompréhensibles. Ce scrutin ne sera donc pas un scrutin normal. C’est un cas exceptionnel. »
Grâce à ce genre d’initiative et aux électeurs qui ont repoussé leur départ en vacances, l’opposition espère une mobilisation importante. Quelle que soit l’issue du vote, Aysen Özagar y voit déjà un progrès pour la démocratie turque : « Chez certains, ça a suscité une prise de conscience. Je pense à cet étudiant de 22 ans qui m’a confié n’avoir jamais voté de sa vie, mais s’être rendu compte de l’importance de sa voix grâce à notre initiative. Ce sera ça, selon moi, l’impact le plus important et le plus durable. »
Reste qu’une victoire de l’opposant Ekrem Imamoglu aurait sans doute aussi des effets importants et durables sur l’avenir de la Turquie.