Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Ces 250 pages étaient très attendues, tant la décision d’annuler l’élection d’Istanbul avait choqué l’opposition, et tant elle semblait contredire la jurisprudence même du Haut Conseil électoral.
Sept de ses onze membres ont voté pour l’annulation. Ils expliquent en quoi, selon eux, plus de 300 000 votes devaient être jugés « suspects », alors qu’Ekrem Imamoglu, le candidat de l’opposition, avait remporté l’élection avec une faible avance sur celui du pouvoir, Binali Yildirim.
Étrange incohérence : le document évoque d’abord 13 742 voix d’avance, puis 200 pages plus loin n’en compte plus que 13 729.
L’instance souligne notamment que 754 présidents de bureau de vote n’étaient pas des fonctionnaires, comme le veut la loi, ce qui invaliderait les résultats de ces bureaux. Dans la dernière partie du document, quatre membres du Conseil, dont son président, estiment pourtant que ces erreurs - et tous les autres points relevés par leurs collègues - n’auraient pas dû suffire à annuler le vote.
Le maire d’opposition déchu, Ekrem Imamoglu, a immédiatement dénoncé une décision « qui ne signifie rien » et constitue une « première » dans l’histoire de la Turquie.