RFI : Theresa May était arrivée au pouvoir il y a presque trois ans, pour mettre en œuvre le Brexit, et elle a échoué. Qu’est-ce qui lui a manqué pour réussir sa mission ?
Emmanuelle Saulnier-Cassia : Il lui a manqué de réunir l’assentiment du Parlement. Parce que sur les questions européennes, il est très difficile d’avoir un consensus au Parlement et notamment au sein de son parti, le Parti conservateur, qui est extrêmement divisé sur les questions européennes de manière générale et sur le Brexit en particulier.
Certains ont critiqué également la personnalité de la Première ministre. Au début, on a loué sa détermination, et ensuite on a déploré son obstination. Est-ce que cela a joué également ?
Oui, bien sûr, cela a joué. Mais c’est certainement dû essentiellement à cette configuration qui l’a obligée à tenir une ligne dure au départ, alors même qu’elle avait voté a priori « pour » dans le gouvernement précédent. Et donc, elle a essayé de s’allier à la frange la plus extrême de son parti, sans y parvenir vraiment. Et en tenant cette ligne dure, elle s’est coupée d’une partie des autres conservateurs, tout en procédant à un échec électoral, en provoquant des élections anticipées qui lui ont coûté plutôt que permis d’avoir une position renforcée.
Les négociations avec l’UE ont été laborieuses, également. Elles ont duré 20 mois et n'ont pas abouti, finalement, à ce que les députés acceptent l’accord qui en était sorti.
Ce n’est pas tout à fait surprenant. Il était tout à fait impossible d’avoir les négociations dans un temps très restreint. On ne quitte pas l’Union européenne en quelques jours. Les liens sont trop intenses quand on a participé à cette organisation très intégrée. Donc là, ce n’était pas vraiment étonnant qu’il y ait des négociations assez longues et assez difficiles. C’est tout à fait normal.
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