Au milieu d’une petite foule venue devant le tribunal apporter haut et fort son soutien à Julian Assange, l’une de ses avocates, accompagnée du rédacteur en chef de WikiLeaks, a tenu à dénoncer devant les médias l’arrestation du lanceur d’alerte australien, rapporte notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix.
« Cela crée un dangereux précédent pour tous les médias : cela signifie que n’importe quel journaliste peut être extradé et être poursuivi aux États-Unis pour avoir publié des informations véridiques sur les États-Unis », a dit Jennifer Robinson.
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« Une sombre journée pour le journalisme »
Alors que la question de la demande d’extradition américaine doit être abordée par le tribunal de Westminster le 2 mai, l’avocate a d’ores et déjà confirmé que Julian Assange allait s’y opposer. Pour sa part, visiblement ému, Kristinn Hrafnsson, le rédacteur en chef de WikiLeaks co-fondée par Julian Assange a adressé un message sans équivoque aux autorités britanniques.
« C’est une journée sombre pour le journalisme. [...] Il faut que cela s’arrête et nous demandons à tout le monde de soutenir Julian Assange dans son combat contre cette extradition », a-t-il affirmé.
Le lanceur d'alerte américain Edward Snowden, qui vit en exil en Russie après ses révélations sur l'agence de surveillance américaine NSA, a aussi regretté un « jour sombre pour la liberté de la presse ».
Pour l'Australie, Assange sera traité de manière équitable
L'organisation Amnesty International a demandé aux autorités britanniques de s'opposer à cette demande d'extradition. Ce qui paraît peu probable, en tout cas, d'après les premières réactions officielles, notamment celle de Theresa May. « Personne n'est au-dessus des lois », a déclaré la Première ministre. Il fait peu de doutes que Londres, embarrassé par le cas Assange depuis bientôt dix ans, cherchera à accéder le plus rapidement possible à la requête d’extradition américaine. Le leader travailliste Jeremy Corbyn a, en revanche, appelé le gouvernement britannique à s'opposer à cette même demande.
« Le gouvernement britannique devrait s'opposer à l'extradition de Julian Assange aux États-Unis pour avoir révélé des preuves d'atrocités en Irak et en Afghanistan », a écrit Jeremy Corbyn sur son compte Twitter.
« On a vraiment l'impression d'une chasse à l'homme », estime Patrick Baudouin, avocat et président d'honneur de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme).
Autre réaction : celle du président américain, qui avait déclaré en 2016, lors de la campagne présidentielle, « I love WikiLeaks » (« J'adore WikiLeaks »). Le site internet avait alors publié des courriels privés de sa rivale, la candidate démocrate Hillary Clinton. Ce jeudi, le président américain a refusé de commenter l'arrestation du fondateur du site internet. « Je ne connais rien à WikiLeaks, ce n'est pas mon truc », a-t-il déclaré devant la presse.
Pays d'origine de Julian Assange, l'Australie se dit « convaincue » qu'Assange, de nationalité australienne, sera traité de manière équitable au Royaume-Uni et va demander un accès consulaire au détenu.
Moscou estime que « la main de la démocratie étrangle la liberté » et espère que ses droits seront respectés.
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