Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Johann Rehbogen, jeune SS de 21 ans, a passé deux ans comme gardien dans le camp de Stutthof, près de Gdansk en Pologne. Soixante-cinq mille personnes y ont été tuées durant cette période. Il encourait 15 ans de prison.
Lors de l’ouverture de son procès en novembre dernier, Johann Rehbogen avait clamé son innocence et affirmé avoir ignoré l’existence des chambres à gaz. Son procès était suspendu en raison de son état de santé depuis décembre. Un expert médical a estimé qu’il n’était plus en mesure de suivre les audiences et que son état de santé ne s’améliorerait plus. Son procès a donc été définitivement abandonné ce mercredi 3 avril.
Aucune des personnes poursuivies ces dernières années n’a séjourné en prison, même après leur condamnation, pour des raisons similaires.
La justice allemande est lancée dans une course contre la montre pour traduire devant les tribunaux les anciens gardiens de camps de concentration. Car ceux-ci sont en général nonagénaires. Depuis quelques années, une jurisprudence permet de les poursuivre pour complicité de meurtres, pour les personnes qui ont été assassinées lorsqu'ils se trouvaient dans ces camps. Il n'est plus nécessaire de prouver qu'une personne a de sa main participé à la solution finale en exécutant des déportés, comme c'était le cas par le passé.