Avec notre envoyée spéciale à Marioupol, Anastasia Becchio
Dans ce quartier de Vostotchny, à l'est de la ville, les cris des enfants ont remplacé les tirs d’artillerie. La situation sur le front, distant de 10 km, s’est stabilisée. Pourtant, Anya, qui surveille sa fille sur la balançoire, est déçue par les promesses non tenues du président de mettre fin à la guerre. « La peur est toujours là, dit-elle. C’est plus calme, mais de temps en temps on entend encore les tirs. Ça reste très difficile et on a eu beaucoup de déceptions. Je n’irai pas voter. »
Quatre ans après le bombardement qui avait coûté la vie à plus de 30 habitants du quartier, il ne reste quasiment plus trace des dégâts matériels. Natalya, qui a fui le village de Chirokine sur la ligne de front, a ouvert une sandwicherie grâce à des subventions d’organismes internationaux. Si pour elle la vie s’améliore peu à peu, elle regrette que Petro Porochenko n’ait pas lutté plus activement contre la corruption. « Cet homme n’a rien fait pendant qu’il était au pouvoir. On dit que le poisson pourrit toujours par la tête. Si on a un président honnête, alors ses ministres et tous les responsables locaux, le seront aussi », espère-t-elle.
Si Natalya n’a pas encore fait son choix, Mykola, retraité de l’usine métallurgique votera lui pour l’acteur Volodimir Zelensky. Son inexpérience politique ne l’effraie pas, au contraire. « S’il c’est un garçon intelligent, dit-il, il va s’entourer de professionnels. Il faut laisser la place aux jeunes qui ne se sont pas encore compromis, et les garder à l’œil. »
En attendant, c’est son petit-fils que Mykola garde à l’œil dans ce square flambant neuf qui n’était plus qu’un champ de ruines il y a seulement quelques années.