Condamné par contumace à dix ans de prison, Dmitri Iazov, ancien ministre soviétique de la Défense, âgé aujourd'hui de 94 ans, était accusé, avec 66 autres personnes, en majorité des citoyens russes, de crimes de guerre et contre l'humanité, pour leur rôle dans une attaque, en janvier 1991, contre une foule protégeant des bâtiments à Vilnius qui avait fait 14 morts et plus de 700 blessés. Les autres accusés, militaires, responsables du Parti communiste et du KGB à l'époque des faits, ont été condamnés à des peines de 4 à 14 ans. Deux seulement d'entre eux ont assisté au procès à Vilnius. Un ancien officier de blindés, Iouri Mel, arrêté à la frontière lituanienne en 2014 et détenu depuis, a écopé de sept ans de prison. Un autre ex-officier soviétique, résidant à Vilnius, Guennadi Ivanov, a été condamné à quatre ans de réclusion.
Mater les indépendantistes
Alors que la Lituanie avait fait sécession de l'URSS en 1990, les troupes soviétiques étaient entrées en janvier 1991 à Vilnius pour mater la mobilisation indépendantiste des habitants. Les accusés avaient participé d'une manière ou d'une autre à l'attaque contre la tour de la télévision et le siège de la radio-télévision lituanienne dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, alors que des milliers de Lituaniens protégeaient leur Parlement, tel un bouclier humain. Moscou avait finalement reconnu l'indépendance de la Lituanie en septembre 1991.
« Un jour historique »
L'ambassade de Russie en Lituanie s'est refusée à commenter ces condamnations dans l'immédiat. La plupart des accusés sont citoyens russes, mais certains d'entre eux sont porteurs de passeports belarusses ou ukrainiens. Le verdict a été salué par Robertas Povilaitis, fils d'un homme tué lors de l'assaut soviétique. « C'est un jour historique pour la Lituanie et toute la communauté internationale », a-t-il dit aux journalistes présents au tribunal. Les relations entre la Russie et la Lituanie, pays balte de 2,8 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'Otan, demeurent tendues, surtout depuis l'annexion de la Crimée par Moscou.
(avec AFP)