Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, les chars soviétiques attaquent la tour de télévision à Vilnius. La Lituanie a déjà déclaré son indépendance un an plus tôt, mais, de facto, le pays est encore une république soviétique. Les Lituaniens forment un bouclier humain autour du Parlement. Les Omon, les forces spéciales russes, interrompent la diffusion des émissions. Au pied de la tour de télévision, les blindés roulent sur la foule et écrasent 14 personnes. Ceux qui ont été jugés lors de ce procès, ce sont donc les têtes pensantes de cette attaque, les hauts gradés qui ont pris les décisions au ministère de la Défense, au KGB. Les parties civiles ont demandé, en vain, à ce que Mikhail Gorbatchev témoigne. Il était alors à la tête de l’URSS.
Un nouveau procès
Un premier procès avait eu lieu en 1991, six personnes avaient été jugées. Mykolas Burokevicius à la tête du parti communiste lituanien avait été condamné à douze ans de prison. Mais en 2010, le Parlement a adopté un amendement permettant de juger les accusés par contumace et c’est ce qui a permis la tenue d’un nouveau procès. Moscou a toujours refusé de coopérer. De tous les accusés, seuls deux sont présents en Lituanie.
Pour Robertas Povilaitis, le fils de l’une des victimes, c’est le processus qui est important, qualifier la nature du régime soviétique. Dans la région balte, ce procès est une première. Mais pour Robertas Povilaitis, il pourrait y avoir encore une suite, car l’un des accusés, Golovatov, a clairement indiqué avoir reçu des ordres de Mikahil Gorbatchev. L’ex-chef pourrait devoir répondre devant la justice.
La Lituanie est aujourd’hui indépendante depuis près de trente ans. Elle fait désormais partie de l’Union européenne et de l’Otan. Le procès trouve ainsi un résonnement particulier dans le pays.
La révolution pacifique
L’attaque de la tour de télévision, puis celle d’un poste-frontière sont les deux épisodes mortels de la lutte de la Lituanie pour son indépendance, car la révolution balte a été, en fait, très pacifique, elle s’est faite en chantant même. Chaque année, des feux sont allumés pour commémorer le 13 janvier. Les célébrations du centenaire de la Lituanie en 2018 ont remis l’histoire au cœur des discussions dans le pays. Et dans un contexte de relations tendues avec la Russie, suite à l’agression russe en Ukraine, tous les exemples de résistance à l’ennemi soviétique sont honorés. Funérailles nationales pour la dépouille retrouvée d’un chef de la résistance. Une récente décision de la Cour européenne des droits de l’homme a été saluée ici. Elle a confirmé la condamnation d’un ex-agent du KGB pour génocide. Il avait arrêté des opposants lituaniens en 1956. Le verdict rendu aujourd’hui est très attendu.