Royaume-Uni: une pétition anti-Brexit récolte plus de 4 millions de signatures

Une pétition sur le site internet du Parlement britannique, déposée le 20 février, remporte un mois plus tard un succès fulgurant. Si cet appel n’a pas de valeur contraignante, le gouvernement doit tout de même y apporter une réponse alors que des dizaines de milliers de partisans d'un nouveau référendum sont attendus dans les rues de Londres ce samedi après-midi.

Plus de 3 millions de signatures le 22 mars, plus de 4 millions le 23 : la pétition « Revoke Article 50 and remain in the EU », c’est-à-dire « désactiver l’article 50 et rester dans l’UE » n’en finit plus d’affoler les compteurs. Lancée le 20 février, elle a eu un succès relatif le premier mois, avant d'exploser en quelques jours.

La doléance créée par une certaine Margaret Anne Georgiadou ambitionne de prouver que la « volonté du peuple » n’est pas de « sortir de l’UE », contrairement à ce « qu’affirme avec insistance le gouvernement britannique ». Multiplier les signatures permettrait d’après l’auteure de l’appel de « prouver la force actuelle du soutien public au maintien dans l’UE ».

Le texte semble avoir bénéficié de son large relais au sein des groupes d’influences opposés au Brexit, en plein échec de la ratification par le Parlement de l’accord sur la sortie de l’Union européenne négocié par Theresa May. Les précédentes pétitions pro ou anti Brexit disponibles sur le site ont également eu du succès, mais sans commune mesure. Elles oscillent entre 30 000 et 455 000 signatures pour un texte favorable à un « no deal ».

Des pétitions peu ou pas suivi d’effet

Est-ce à dire que le gouvernement va devoir revoir sa copie ? Pas du tout. Ces pétitions sont consultatives, mais pas contraignantes. Depuis 2006 – d’abord sur le site du gouvernement, puis depuis 2015 sur celui du Parlement – tout citoyen britannique peut soumettre une pétition de son choix. Celle-ci ayant (largement) dépassé les 10 000 signataires, le gouvernement britannique doit y répondre. Quant au Parlement, il a le devoir de considérer la possibilité d’un débat sur le sujet – une fois les 100 000 signatures atteintes –, mais n’a pas d’obligation d’en organiser un.

En aucun cas, en revanche, le gouvernement n’est tenu de respecter les demandes des pétitionnaires, quel que soit leur nombre à la clôture de l’appel. Une pétition similaire, qui a obtenu près de 150 000 signatures en février a ainsi entraîné un débat le 11 mars et reçu pour réponse du gouvernement un refus de renoncer à l’article 50, sans autre conséquence.

Il faut donc prendre cette pétition comme un marqueur, un instantané d’une partie de l’opinion publique britannique, mais certainement pas comme un moyen pour les partisans du « Remain » d’imposer leur volonté.

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