RFI : Quels sont les amendements proposés ?
Sophie Heine : Il y a trois grandes séries d’amendements qui ont été proposés par différents députés des deux grands partis. Celui qui est vraiment fondamental est sur le fameux «backstop» qui est un point de contentieux important. Cela vise à le remettre en question, c’est l’idée que le Royaume-Uni devrait rester dans l’union douanière pendant une période de transition voire une période indéterminée. La proposition est que ce «backstop» prenne fin en 2021 ou que l’on renonce totalement au «backstop». Cela serait favorable aux Brexiters, qui veulent un Brexit brutal, mais ce serait un problème pour l’Union européenne puisque l’idée du «backstop», c’est d’empêcher le rétablissement d’une frontière commerciale dure entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Une deuxième série d’amendements permettrait aux députés de décider un Brexit soft, donc le maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière ou d’un nouveau référendum. Evidement c’est fondamental puisque ça donne un pouvoir décisif aux parlementaires par rapport au gouvernement.
Enfin la troisième série d’amendements est de repousser la date du 29 mars 2019 qui est vraiment très proche, pour empêcher un «no deal», une sortie sans accord.
RFI : Quelles sont les chances des uns et des autres de faire adopter leurs amendements ?
Le Parlement est divisé. Il est très difficile de prévoir ce qui va se passer dans la période actuelle. Il y a beaucoup d’alliances qui dépassent les clivages classiques puisque certains amendements sont proposés par des députés conservateurs et des députés travaillistes. Cela montre qu’il y a une volonté et de la part des pro européens et de la part des Brexiters de dépasser les clivages traditionnels. Il y a donc beaucoup de chance que les amendements soient adoptés pour éviter une impasse face à l’Union européenne et pour éviter une sortie sans accord.