À dix jours des commémorations du « Bloody Sunday », Londonderry revit une scène bien trop familière, raconte notre correspondante au Royaume-Uni, Marina Daras. Samedi soir, vers 21h, la police évacuait Bishop Street ainsi que tous les commerces alentour après l’explosion d’une voiture que les autorités soupçonnent d’avoir été piégée. « Notre principale piste est la nouvelle IRA », une branche dissidente de l'Armée républicaine irlandaise, a déclaré lors d'un point presse le chef adjoint de la police, Mark Hamilton, décrivant ce groupe comme un « petit groupe », « largement non représentatif ». Connu sous le nom de la « vrai IRA » jusqu’en 2012, ce groupe paramilitaire de républicains dissidents veut réunifier l’Irlande.
Deux suspects, âgés d'une vingtaine d'années, ont été arrêtés. Ils auraient volé le véhicule à un chauffeur-livreur avant d’y placer une bombe et de l’abandonner devant le palais de justice.
Condamnation
L’ancienne dirigeante de la province, Arlene Foster, leader du DUP, parti ultraconservateur nord-irlandais, ainsi que le ministre des Affaires étrangères de la République d’Irlande, Simon Coveney, ont très vite « condamné une attaque terroriste à la voiture piégée ». La ministre britannique chargée de l'Irlande du Nord, Karen Bradley, a souligné pour sa part que « cette tentative de perturber les progrès en Irlande du Nord a été condamnée à juste titre par des gens de tous bords ».
Les véhicules piégés ont été la marque des affrontements entre les unionistes et républicains lors des trois décennies de troubles qui ont pris fin en grande partie grâce aux accords de paix du Vendredi saint.
Craintes
Alors que l’Irlande du Nord n’a toujours pas retrouvé de gouvernement depuis la chute de sa coalition en janvier 2017, la possibilité de voir le retour d’une frontière physique entre les deux Irlandes post-Brexit fait craindre la résurgence d’un conflit sanglant que beaucoup pensaient enterré.