Avec notre correspondant à Vienne, Isaure Hiace
Parmi les milliers de manifestants, certains ont opté pour le sifflet, d’autres pour le gilet jaune. C’est le cas de Matthias Koderhold.
« Il y a beaucoup de coupes sociales et le gouvernement veut, en plus, une réforme de l’impôt. Les entreprises seront moins taxées, en particulier les multinationales, donc c’est un gros combat pour nous », dit-il.
L’allongement de la durée maximale de travail à 12h par jour, la baisse du RSA autrichien pour certains, celle des allocations familiales pour d’autres, autant de mesures décriées par les manifestants, qui estiment, à l’instar d’Helena Stefanova, que le climat a changé en Autriche.
« La société est divisée, dit-elle. On crée de la peur sur bien des sujets. Car c’est très facile de manipuler un groupe de personnes effrayées. »
De nombreux manifestants, comme Thomas Braito, dénoncent également une rhétorique anti-immigration, omniprésente dans le discours du gouvernement.
« Ils essaient juste de pointer un ennemi commun pour effrayer et gagner des votes, estime Thomas. Alors pour moi, c’est important de manifester et montrer qu’il y a des gens contre le populisme d’extrême droite. »
Quelle suite pour le mouvement de contestation ?
Cette contestation va-t-elle se poursuivre, voire s'amplifier dans les mois à venir ? Les manifestants sont partagés. La coalition reste très populaire auprès des Autrichiens. A en croire les récents sondages, si ces derniers devaient revoter demain, les résultats seraient sensiblement les mêmes qu'il y a un an, lors des élections législatives anticipées.
Certains manifestants veulent toutefois croire à une contagion de la contestation, c'est le cas de Katrin Pröll.
« Je crois que personne ne s'attendait à ce que leur politique soit si mauvaise, lance-t-elle. Mauvaise pour les réfugiés essentiellement, mais aussi pour les Autrichiens. Et j'espère vraiment que ceux qui ont voté pour cette coalition vont comprendre que la politique menée n'est pas bonne pour eux. Je reste donc optimiste. »
D'autres, comme David Cuel sont plus pessimistes. Cet italien qui vit à Vienne depuis deux ans se dit aujourd'hui résigné.
« La gauche n'a pas fait un bon travail, elle est aussi responsable de la situation aujourd'hui. Je crois qu'on ne se fait pas assez entendre, la droite est plus audible », dit-il.
Les « Donnerstag Demo », les manifestations hebdomadaires du jeudi, reprendront dès janvier. Reste à savoir combien d'opposants elles rassembleront.