Les députés ont estimé à 311 voix contre 293 que l'exécutif de la Première ministre Theresa May avait commis un « outrage au Parlement » en refusant de publier l'intégralité d'un avis juridique sur l'accord de Brexit, âprement négocié durant 17 mois avec Bruxelles.
« C'est très significatif sur les plans constitutionnel et politique. Le fait que cette Chambre estime que tout le gouvernement a commis un outrage est sans précédent », a commenté le député de l'opposition travailliste Keir Starmer.
Face à ce nouveau coup dur, le gouvernement conservateur a immédiatement fait amende honorable. La ministre chargée des Relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, a promis que « l'avis final et complet » rédigé par l'Attorney General (ministre chargé de conseiller juridiquement le gouvernement) serait publié mercredi.
Ce vote a retardé de plusieurs heures le début de cinq jours de débats au Parlement britannique sur le Traité de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, qui risque fort d'être recalé par la Chambre des Communes lors d'un vote historique le 11 décembre.
L'opposition travailliste, les europhiles du Parti libéral-démocrate et les députés écossais indépendantistes s'opposent à l'accord de divorce négocié par la Première ministre, qui affronte aussi l'hostilité de son allié nord-irlandais, le petit parti unioniste DUP, et de députés conservateurs favorables à une rupture franche avec l'UE. Le DUP a d'ailleurs voté contre le gouvernement mardi, a reconnu le député Nigel Dodds.
Menacée d'un échec au Parlement, la cheffe du gouvernement a fait planer la menace d'un départ de l'UE sans accord, avec de lourdes conséquences pour l'économie britannique. Elle a aussi averti qu'il pourrait bien ne pas y avoir de Brexit du tout.
Le Labour compte déclencher une motion de défiance si Theresa May échoue à faire adopter le texte. Sans compter les eurosceptiques de son propre camp qui voudraient aussi la renverser.
Le référendum de juin 2016, remporté à 52% par le camp du « Leave », a laissé le pays profondément divisé. Et après des mois de discussions, le texte conclu avec l'UE laisse les deux camps frustrés.