Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
Ils sont quelques dizaines de fidèles regroupés dans la petite église de ce monastère, l'un des plus anciens de la capitale russe. Ici, le conflit entre le patriarcat de Moscou et celui de Kiev est évoqué avec beaucoup de tristesse.
« Je pense que nous appartenons au même peuple, malgré tous les problèmes politiques. Et pour moi c'est comme une famille qui se sépare. C'est pour ça que c'est terrible », s'inquiète une fidèle. « Moi je suis contre tout ce qui peut nous empêcher de vivre en paix. Cette histoire ne va qu'aggraver les tensions », déplore une autre femme.
Depuis 2014 et le conflit dans l'est de l'Ukraine, les relations entre le patriarcat de Moscou et celui de Kiev, n'ont cessé de se dégrader et aux yeux du Père Ermogène, une rupture définitive serait une véritable tragédie. « L'orthodoxie russe est née dans les eaux du Dniepr à Kiev et Kiev n'est pas seulement la capitale de l'Ukraine, explique-t-il. Pour nous, c'est la ville sacrée, la ville qui est la mère de toutes les villes russes. C'est pourquoi l'unité de l'Eglise canonique ukrainienne avec l'Eglise russe, c'est très important pour nous. »
Pour obtenir son indépendance, l'Eglise d'Ukraine s'est tournée vers le patriarche de Constantinople, considéré comme la plus haute autorité morale au sein du monde orthodoxe. Mais s'il accepte, Moscou menace de rompre toute relation avec lui. Ce serait alors la plus grave crise au sein de l'Eglise d'Orient depuis le schisme qui l'a séparé de l'Occident il y a près de 1 000 ans.