Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Devant le consulat d’Arabie saoudite, au milieu des gratte-ciel de ce quartier d’affaires du centre d’Istanbul, les militants des droits de l’homme se relaient pour réclamer, autant à Riyad qu’à Ankara, la vérité sur le sort du journaliste Jamal Khashoggi.
« L’Etat turc partage avec les autorités du consulat d’Arabie saoudite la responsabilité de la disparition de Jamal Khashoggi, survenue sur son territoire, pointe Gülseren Yoleri, présidente de l’Association des droits de l’homme. Le consulat d’Arabie saoudite ne s’en sortira pas en autorisant la fouille du bâtiment. Il leur revient de prouver que Jamal n’a pas été maltraité au consulat et qu’il en est sorti sain et sauf. »
Le député d’opposition Sezgin Tanrikulu, qui préside la commission des droits de l’homme au Parlement turc, appelle quant à lui le gouvernement à décréter sans plus attendre des sanctions contre l’Arabie saoudite : « Le gouvernement doit immédiatement revoir ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite, déclarer son consul persona non grata et rappeler l’ambassadeur de Turquie en Arabie saoudite. Les yeux du monde sont fixés sur nous. Le gouvernement turc doit d’urgence sortir du silence et prendre des mesures concrètes. »
Mais Ankara préfère, pour l’instant, attendre les conclusions de l’enquête judiciaire. Des conclusions que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, prévoit d’annoncer en personne.