Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Le jovial Frank-Walter Steinmeier faisait une tête d'enterrement ce vendredi matin en recevant son homologue Recep Tayyip Erdogan à la présidence de la République. On en apprenait plus tard la cause par un journal turc : Ankara vient de transmettre à Berlin une liste de 69 de ses ressortissants qui se trouvent en Allemagne afin qu'ils soient extradés. Une provocation, alors que le président Erdogan la jouait plutôt gant de velours ces derniers jours.
La conférence de presse commune avec Angela Merkel a ensuite semblé menacée. La présence possible du journaliste turc exilé en Allemagne Can Dündar n'aurait pas plu à Recep Tayyip Erdogan qui aurait préféré boycotter la rencontre avec les journalistes. Can Dündar a finalement annoncé qu'il ne serait pas présent.
Durant la conférence de presse, le président turc et la chancelière ont certes évoqué leurs points communs, comme la lutte contre le terrorisme, l'immigration ou la Syrie, mais les questions qui fâchent, et notamment le sort de plusieurs Allemands toujours emprisonnés en Turquie, ont occupé une place centrale. « Nous avons des divergences sur les questions touchant à l'Etat de droit ou à la liberté de la presse. Nous sommes heureux que plusieurs de nos ressortissants aient été remis en liberté. Mais certains sont encore emprisonnés et je ferai tout mon possible pour qu'ils soient eux aussi relâchés », a ainsi déclaré Angela Merkel.
Cette conférence de presse perturbée par l'expulsion manu militari d'un journaliste turc qui portait un t-shirt sur lequel on pouvait libre « Liberté pour les journalistes ». Le porte-parole d'Angela Merkel a précisé que les prises de position politiques n'avaient pas leur place lors de telles rencontres.