Avec notre envoyée spéciale à Liverpool, Muriel Delcroix
« Où est Jeremy Corbyn ? Lui qui est le leader de l'opposition, il n'oppose rien... » Au milieu d'une nuée de drapeaux aux couleurs de l'Europe, les partisans d'un second référendum ont donné libre cours à leur frustration dans les rues de Liverpool. D'autant que, désormais, 86% des adhérents Labour sont en faveur de ce qu'ils appellent Le « vote du peuple ».
« Quand Jeremy Corbyn est arrivé à la tête du parti, il a dit qu'il donnerait plus de pouvoir aux militants du Labour, explique une militante. Donc on va voir s'il va tenir parole et va se ranger à l'avis de la majorité des membres du parti ou s'il va préférer poursuivre sa propre motivation... »
Sous la pression, Jeremy Corbyn a finalement indiqué qu'il suivrait sa base si elle votait mardi pour un second referendum, tout en s'empressant d'ajouter que sa préférence allait vers des élections anticipées.
Position floue et exaspération
A six mois du Brexit, il ne reste plus beaucoup de temps pour pouvoir espérer inverser le cours des événements et les partisans d'un second vote veulent voir le parti travailliste jouer un rôle pivot. Encore faut-il qu'il clarifie sa position. Un flou qui exaspère les pro-européens.
« Le parti Labour n'a jamais été très clair sur ce qu'il voulait vraiment ; il serait temps que la direction formule une stratégie claire et commence à riposter et à débattre sérieusement avec le gouvernement sur toutes les implications plutôt que d'attendre simplement de gagner des élections », estime un manifestant.
Marié avec une française depuis de 40 ans, Peter Murray ne cache pas sa frustration face aux atermoiements du leader travailliste. « Quitter l’Europe en ce moment, pour nous c’est le suicide politique, économique, social. Maintenant, c’est comme un cauchemar. On pourrait quitter l’Europe sans aucun accord sur rien. Toute ma vie j’ai été membre du parti et Jeremy Corbyn n’a pas été assez courageux. J’espère qu’il va écouter cela et changer. Mais au lieu d’écouter et de réagir, ce serait bien s'il agissait. Un bon chef dirait : "je suis le chef du parti progressiste travailliste, nous on veut retourner en Europe" ».
Les partisans d'un second vote ne se font donc guère d'illusion face aux ambitions électorales de Jeremy Corbyn mais n'entendent pas abandonner l'espoir de voir se matérialiser un nouveau referendum, aussi ténu soit-il.