Allemagne: le chef du renseignement intérieur démis de ses fonctions et recasé

En Allemagne, une polémique empoisonnait le climat entre conservateurs et sociaux-démocrates autour du patron du renseignement intérieur, Hans-Georg Maassen. A l'arrivée un compromis a été trouvé. Hans-Georg Maassen quitte son poste et devient secrétaire d'Etat du ministre de l'Intérieur.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

Hans-Georg Maassen avait mis en doute l'authenticité d'une vidéo montrant une chasse à l'homme lors des manifestations antimigrants à Chemnitz, en Saxe, semblant ainsi relativiser l'importance des incidents. Les sociaux-démocrates voulaient son départ ; le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer s'y opposait.

Le compromis trouvé par la grande coalition pour éviter une crise majeure permet aux conservateurs et aux sociaux-démocrates de sauver la face même si l’écho est désastreux. Le SPD, le parti social-démocrate, qui exigeait la démission du président du renseignement intérieur obtient ainsi gain de cause. Horst Seehofer, qui le défendait, n’a pas battu en retraite : il va le nommer secrétaire d’Etat dans son ministère.

Compromis « à la Merkel »

Au passage, Hans-Georg Maassen, hormis cette reconnaissance, décroche une augmentation de salaire non négligeable. Une majorité d’Allemands souhaitaient que le chef du renseignement intérieur démissionne après les polémiques récentes. Les prochaines enquêtes d’opinion diront peut-être ce qu’ils pensent du compromis trouvé ce 18 septembre.

Déjà, les premiers commentaires de la presse allemande sont au vitriol. « Une tragédie à l’opéra comique », « un numéro pour cabarettiste », peut-on y lire. L’opposition tire à boulets rouges sur le compromis de la grande coalition. « Une magouille incroyable », « une farce qui récompense l’illoyalité », déclarent des responsables écologistes et de Die Linke (gauche).

Pour Klaus Peter Sick, chercheur du Centre Marc Bloch, un institut franco-allemand en sciences sociales, « c'est un compromis à la Angela Merkel. Elle a raison et en même temps, elle donne raison à son ministre de l'Intérieur », Horst Seehofer, du CSU, le parti des conservateurs bavarois, dont les positions différent d'avec la chancelière sur des questions comme l'immigration, par exemple.

Pour le chercheur, « Angela Merkel est contestée comme jamais et en même temps, il n'y a aucune alternative visible donc le gouvernement de coalition se maintiendra ».

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