Autriche: une ministre FPÖ raillée pour une remarque sur les minimas sociaux

La semaine dernière, le 24 juillet, la ministre autrichienne des Affaires sociales, Beate Hartinger-Klein (FPÖ, extrême droite), a donné une interview à la télévision autrichienne, qui aurait pu passer parfaitement inaperçue. C'était sans compter les internautes autrichiens.

De notre correspondante à Vienne,

Depuis ce week-end, l'interview de la ministre, membre du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), est abondamment reprise et moquée sur les réseaux sociaux, notamment un passage bien particulier, lorsque Beate Hartinger-Klein répond au journaliste sur la réforme du Mindestsicherung.

Le Mindestsicherung, c’est le revenu minimum garanti aux personnes sans ressources en Autriche, un revenu que le gouvernement veut réduire, notamment pour les étrangers qui n’auraient pas un niveau d’allemand suffisant.

Voici l’extrait qui a provoqué l’indignation des internautes :

« On pourra vivre de ce revenu », explique la ministre des Affaires sociales. « Même avec seulement 150 euros par mois ? », demande le journaliste. « Hors frais de logement, oui bien sûr ! », répond M. Hartinger-Klein.

Les règles du « 150 euros challenge » ? Demandez à la ministre

De nombreux internautes autrichiens ne sont pas d’accord. Beaucoup dénoncent sur les réseaux sociaux une ministre « déconnectée de la réalité ». Le parti libéral NEOS a ainsi posté une vidéo sur Facebook, dans laquelle il interpelle la ministre : « Où allez-vous faire vos courses ? Ce n’est pas sérieux. »

Un internaute a même fait le calcul de ce que l’on pouvait acheter au supermarché avec 150 euros par mois : à peine quatre boîtes de conserve et quatre yaourts par jour. Autre initiative : des entrepreneurs, proches du parti social démocrate (SPÖ) et des Verts, deux partis d’opposition, ont lancé le « 150 euros challenge ». Un défi destiné à Beate Hartinger-Klein.

Les règles sont simples : la ministre doit vivre un mois en dépensant seulement 150 euros hors frais de logement. Si elle y parvient, elle toucherait une cagnotte de 17 511 euros, le montant de son salaire mensuel selon eux, une somme qu’elle pourrait par la suite redistribuer à une association.

L'occasion d'évoquer la politique sociale du gouvernement dans son ensemble

Pour ce défi, le groupe d’entrepreneurs a donc lancé une campagne de financement participatif et a déjà récolté près de 7 000 euros en seulement cinq jours ! La ministre, elle, n’a pas encore réagi, on ne sait donc pas si elle relèvera ou non ce défi.

Le gouvernement autrichien se serait bien passé, en plein été, d’une telle polémique. D'une part, cela a relancé l’opposition à la réforme du Mindestsicherung, qui doit être votée à l’automne prochain par les députés. D'autre part, certains internautes ont profité de cette bévue de la ministre pour dénoncer un climat plus général de coupes dans le domaine social.

Par exemple, certains ont pointé la baisse annoncée des subventions accordées à plusieurs associations, notamment des associations féministes. Un collectif a justement appelé mardi à une manifestation contre cette politique, le 8 septembre prochain, jour de la réunion à Vienne des ministres de l’Economie et des Finances de l’Union européenne. Une date qui n’a donc pas été choisie au hasard.

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