De notre correspondante à Vienne,
La mesure devrait être effective dès l’an prochain. C'est en tout cas ce qu’a annoncé Norbert Hofer, le ministre autrichien des Transports, membre du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ, extrême droite). Environs 360 000 personnes d’origine turque vivraient en Autriche actuellement et parmi elles, certaines font le choix de passer leur code en turc. Ainsi, sur les 300 000 examens du permis passés l’an dernier, 3 600 l’ont été en turc. C’est la deuxième langue utilisée, après l’allemand. Mais le gouvernement autrichien a donc décidé de mettre fin à cette possibilité, qui existait depuis 1998. Une décision justifiée notamment par un besoin d’économies. Selon M. Hofer, « chaque langue supplémentaire proposée entraîne pour l’Etat des coûts à cinq chiffres qui ne sont pas justifiables. »
Autre raison invoquée par le gouvernement autrichien : la volonté d’encourager l’intégration
C’est même la principale raison : le gouvernement veut pousser les candidats à répondre en allemand aux questions de l’examen. C’est cet aspect qui est critiqué par certains Autrichiens, notamment sur les réseaux sociaux, car dans le même temps, l’examen continuera d’être proposé en anglais ainsi qu’en slovène et en croate, deux minorités linguistiques qui jouissent de droits spécifiques en Autriche. Beaucoup regrettent que le FPÖ prenne, une fois de plus, la communauté turque pour cible. Déjà, en juin dernier, le leader d’extrême droite Heinz-Christian Strache avait créé la polémique en postant un message sur Facebook, dans lequel il exhortait les Turcs vivants en Autriche et ayant voté pour le président Recep Tayyip Erdogan à retourner en Turquie. Le post avait été partagé plus de 7 000 fois et « aimé » virtuellement par 28 000 personnes.
Ces dernières semaines, les relations entre la Turquie et le gouvernement autrichien se sont tendues
Les relation sont tendues, surtout depuis l’annonce par le gouvernement autrichien, il y a plus d’un mois, de l’expulsion de plusieurs dizaines d’imams financés, selon Vienne, par la Turquie. Pour le gouvernement, c’est une manière de lutter contre l’islam politique. Pour la Turquie, en revanche, cette mesure est « discriminatoire ». Le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan avait à l’époque dénoncé cette décision qui résultait, selon lui, de la « vague populiste, islamophobe et raciste » en Autriche. Bref, les relations sont compliquées entre les deux pays. Sebastian Kurz lui-même a d’ailleurs plusieurs fois réitéré son opposition à toute négociation en vue d’une possible adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Or, le chancelier et son gouvernement sont à la tête de la présidence tournante de l’Union jusqu’à décembre prochain. Et le ton ne devrait pas changer dans les mois à venir.