Royaume-Uni: deux personnes exposées au même agent innervant que les Skripal

Deux personnes ont été hospitalisées après avoir été retrouvées inconscientes samedi 30 juin à Amesbury, dans le sud de l'Angleterre. Ce mercredi soir, la police britannique a révélé qu'elles ont été exposées au Novitchok, l'agent innervant avec lequel l'ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille avaient été empoisonnés en mars dernier dans la ville voisine de Salisbury.

Les deux patients, un homme et une femme, ont été hospitalisés à l'hôpital de Salisbury. Selon la police, ils se trouvent « dans un état critique ». Les résultats des analyses ont révélé qu'ils ont été exposés à l'agent innervant Novitchok, a rapporté ce mercredi soir Neil Basu, chef du contre-terrorisme britannique. Il s'agit du même produit que celui avec lequel l'ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille Youlia ont été empoisonnés en mars dernier.

Le laboratoire de la Défense de la ville voisine de Porton Down a confirmé l'usage de cet agent neurotoxique de conception soviétique. D'après Neil Basu, « aucune preuve » n'indique que les deux personnes aient pu être visées d'une quelconque manière. « C'est le même agent innervant. Ce sera aux scientifiques de déterminer s'il vient du même lot », a-t-il ajouté. La police n'a pas été en mesure de d'établir le mécanisme de transmission du poison, a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse à Londres. « Le risque pour le public reste faible », a-t-il néanmoins assuré.

La police explore deux hypothèses, rapporte notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix : la première pourrait être celle extrêmement inquiétante d'une seconde attaque au Novichok peut-être pour tenter de brouiller les pistes autour de l'affaire Skripal dans laquelle la Russie a été directement mise en cause ; l'autre serait que le couple aurait été exposé à un endroit ou aurait touché un objet ou un vêtement abandonnés par l'auteur de l'attaque de mars dernier qui aurait échappé au vaste processus de décontamination mené par la police autour de Salisbury.

Cordons de sécurité

Les deux personnes, identifiées comme étant Charlie Rowley et Dawn Sturgess, sont tombées malades samedi 29 juin dans le village d'Amesbury, à une quinzaine de km de Salisbury. Selon l'un de leurs amis cité par l'AFP, Dawn Sturgess est d'abord tombée malade et avait « de la mousse sortant de sa bouche », a-t-il indiqué à l'agence de presse. Puis Charlie « a sué à grosses gouttes, et on ne pouvait pas lui parler. Il faisait de drôles de bruits et il se balançait d'avant en arrière sans répondre ».

Plusieurs cordons de sécurité ont été mis en place dans des endroits où auraient pu se rendre les deux quadragénaires. La présence policière a été renforcée dans les deux villes. A Salisbury, le jardin public Queen Elizabeth Garden a été fermé au public. La police s'est également positionnée devant l'église baptiste d'Amesbury, où les deux patients ont participé à un évènement au cours du week-end.

L'agence de santé publique Public Health England (PHE) a estimé que cet événement ne posait « pas de risque sanitaire significatif pour le grand public ». Cet avis sera « continuellement réévalué, en fonction des informations connues », a prévenu un porte-parole de PHE cité par l'agence Press Association.

L'affaire Skripal dans toutes les têtes

Un porte-parole de la Première ministre Theresa May a indiqué que l'événement était traité avec « le plus grand sérieux » et que l'exécutif était « tenu régulièrement informé ». Une réunion d'urgence a été organisée ce mercredi matin. L'enquête est conduite par la police antiterrorisme, comme dans le cas des Skripal, et qu'une centaine d'agents y travaillaient.

Le 4 mars, Sergueï Skripal, alors âgé de 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, ont été victimes d'un empoisonnement à Salisbury. Un incident attribué à la Russie par le Royaume-Uni, soutenu par ses alliés occidentaux. Moscou nie les faits et l'épisode a entraîné une crise diplomatique et la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates de l'histoire.

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