Avec notre envoyé spécial à La Haye, Quentin Dickinson
Si les Russes et les Syriens pensaient échapper à l’opprobre quasi général, c’est tout le contraire qui s’est produit ici : aidés par les Iraniens, ils ont, dès l’ouverture de la conférence, multiplié les incidents de procédure d’une mauvaise foi patente, de sorte que le simple ordre du jour n’a pu être adopté qu’au bout de trois heures de lassantes palabres. Les suspects habituels se sont en quelque sorte auto-désignés.
L’OIAC a été créée à la fin de la Guerre froide, afin de détruire les stocks d’armes chimiques, en particulier d’origine soviétique. Sa maîtrise technique incontestée a permis à ce jour la neutralisation de plus de 96% de ces stocks – mais la récente réapparition de l’usage de ces armes, en Syrie, en Iraq, en Thaïlande, au Royaume-Uni, révèle sa faiblesse : elle a le droit de constater les violations, mais pas de nommer l’État ou le groupe responsable. D’où la proposition britannique de corriger cette anomalie, raison de cette réunion.
« Ceci est l’occasion de réaffirmer l’interdiction mondiale du recours aux armes chimiques et de renforcer la capacité de l’OIAC à réagir à toute violation, a déclaré le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson. Et j’espère que tous les pays pourront soutenir le projet avancé par le Royaume-Uni. Dire qui est responsable de l’attaque doit clairement être la compétence de l’OIAC. »
La suite dépend maintenant de deux jours délicats de négociation à huis clos.