Emmanuel Macron au Vatican pour sa première rencontre avec le pape François

Emmanuel Macron effectue ce mardi 26 juin sa première visite officielle au Vatican. Le président de la République profite de ce déplacement pour recevoir son titre de chanoine honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, un titre honorifique historique. Mais il va surtout rencontrer le pape François en audience privée.

C'est la première rencontre entre le pape François et Emmanuel Macron. Les deux hommes devraient s'entretenir en tête-à-tête une demi-heure environ, avant tout pour faire connaissance. Il y a un peu plus d'un an, interrogé sur les candidats pendant la campagne présidentielle française, le pape avait dit à propos d'Emmanuel Macron : « Je ne sais pas d'où il vient ».

Depuis, le président français et le chef de l'Eglise catholique se sont parlé une fois au téléphone lorsque le premier avait téléphoné au second pour le remercier de son implication sur la question du climat. A l'Elysée, on insiste sur l'importance de ce contact personnel qui va s'établir.

Le souverain pontife va donc découvrir le nouveau chef de l'Etat dont il connait maintenant la vision des relations avec l'Eglise puisqu'il a lu le discours prononcé par Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques de France en avril dernier. Le président français y avait dit vouloir « réparer le lien abîmé entre l'Eglise et l'Etat ».

Après son tête-à-tête avec François, Emmanuel Macron rencontrera le secrétaire d'Etat du Saint-Siège et le chef de la diplomatie vaticane, l'occasion d'approfondir les sujets. Si sur la protection des chrétiens d'Orient ou encore la coopération internationale, la France et le Saint-Siège se rejoignent, des lignes de fracture pourraient néanmoins apparaître sur les questions bioéthiques. L'élargissement de la PMA aux couples de femmes suscite l'opposition de l'Eglise et les questions concernant la fin de vie sont suivies de très près au Vatican, rapporte notre correspondant, Eric Sénanque.

Après sa rencontre avec le souverain pontife, le président français est attendu dans l'après-midi à la basilique Saint-Jean-de-Latran pour une cérémonie où il prendra possession de son titre de « chanoine honoraire », titre qui revient aux présidents français et qui remonte au roi Henri IV. En allant le recevoir en personne, ce que son prédécesseur François Hollande n'avait pas fait, Emmanuel Macron manifeste ainsi son respect pour une tradition historique à laquelle les catholiques de France pourront être sensibles.
 

Les migrants au coeur de la visite d'Emmanuel Macron

Même si le pape n’a pas l’habitude de se faire dicter l’agenda d’une visite protocolaire, la brûlante actualité autour des migrants en Europe vient s’inviter inexorablement dans le palais apostolique. D'autant que le pape François en a fait l'une des priorités de son pontificat et le président français vient au Vatican alors que les Européens se déchirent sur la question migratoire.

Pour Emmanuel Macron, cette visite au Vatican s’intercale entre la réunion de travail de dimanche dernier à Bruxelles et le sommet européen de jeudi et vendredi. Et c’est en plein bras de fer verbal avec Matteo Salvini que le président français vient rencontrer le souverain pontife.

Particularité de cette visite : Macron va commencer sa journée par un petit déjeuner avec la communauté catholique Sant'Egidio, très engagée dans l’accueil des migrants et qui organise depuis quelques années des couloirs humanitaires. Une rencontre qui a une dimension très politique puisqu’elle se tient à l’ambassade de France en Italie et non près le Saint-Siège comme l’aurait pourtant voulu le protocole de cette visite. Auprès de Sant'Egidio, Emmanuel Macron vient sans doute chercher des idées à partager avec le pape argentin, lui qui a fait de l’accueil des migrants l’une des boussoles de son pontificat : on se souvient que son premier voyage hors du Vatican l’avait mené sur la petite île de Lampedusa, là où il avait fustigé « la mondialisation de l’indifférence ».

Si l’on ne saura que peut de choses de sa conversation avec le président français, François devrait insister sur la nécessaire humanité avec laquelle les migrants doivent être accueillis, tranchant avec une politique parfois très froide des autorités françaises (on pense à Calais ou Vintimille), mais devrait s’accorder avec Emmanuel Macron sur la nécessité de trouver une solution européenne et d’aider au développement des pays d’Afrique : le pape en parlait encore jeudi dernier au retour de son voyage à Genève. 

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