Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
C’est la première fois que les Turcs vont voter sous cette nouvelle loi électorale qui autorise les alliances entre partis, qui valide les bulletins de vote qui ne sont pas estampillés par la Commission électorale, qui donne le droit aux forces de l’ordre d’être présents dans les bureaux de vote sur simple demande d’un électeur. Une nouvelle loi qui permet enfin de déplacer ou de fusionner des bureaux de vote pour raisons de sécurité, peut-être la mesure la plus contestée.
« Pour l’instant la Commission électorale ne donne pas de justifications officielles, mais on sait que des déplacements de bureaux de vote sont en cours, la commission a déclaré que cela concernerait 140 000 électeurs », explique Gözde Soytürk, responsable de Oy ve ötesi, un organisme indépendant d’observateurs électoraux.
Les craintes sont encore plus grandes pour le sud-est à majorité kurde, le bastion de l’opposition de gauche du HDP, une région qui est quadrillée par les forces de l’ordre et où les déplacements sont plus compliqués. Mais c’est l’ensemble de l’opposition qui dénonce la nouvelle loi.
« Il y a tellement d’aberrations dans cette loi, certaines dispositions n’ont aucun précédent dans le monde, affirme Onursal Adigüzel, candidat pour le parti kémaliste CHP. La Commission électorale elle-même ne sait pas par quel bout la prendre ! »
Le scénario le plus craint le 24 juin : que les écarts entre partis et candidats soient très faibles, et les soupçons de fraude suffisants pour mettre en doute les résultats.