On sonne à la porte d’un appartement clair. C’est l’épouse de Selahattin Demirtas qui ouvre. Ce sont les images de la vidéo postée sur le compte Twitter du candidat emprisonné. Une quinzaine de personnes s’assoient sur les canapés colorés du salon. Soudain, le téléphone sonne.
Au bout de la ligne, le chef de file du HDP accusé de terrorisme. Il s'agit de son coup de fil hebdomadaire de dix minutes autorisé à sa famille. Mais celui-ci se transforme... en discours politique via le haut-parleur du téléphone.
« La Turquie a hélas été transformée en une prison semi-ouverte. Ils cherchent à créer une société de la peur, à régner par la peur. Mais tous ensemble nous pouvons construire le futur d’une Turquie démocratique », exhorte virtuellement le candidat-prisonnier Selahattin Demirtas.
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Internet, le candidat pro-kurde n'est pas le seul à en faire un refuge. La nationaliste Meral Aksener a elle choisi Google AdWords, la régie publicitaire du moteur de recherches, lorsqu’un internaute tape le mot-clé « jeunesse », le résultat qui s'affiche est : « la tranche d’âge oubliée par le gouvernement ». Et s’il tente, le nom du parti au pouvoir, c’est pour lire ensuite : « désormais, il y a mieux ». Ainsi, chaque message redirige vers le site du parti de la candidate.
Internet reste surveillé en Turquie. Poster un message critique vaut un passage au poste de police ou derrière les barreaux.
Les élections du 24 juin, législatives et premier tour de la présidentielle, sont particulièrement importantes, car elles marqueront l'entrée en vigueur de la plupart des mesures de renforcement des pouvoirs du président adoptées lors d'un référendum constitutionnel l'an dernier.
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