Il a fallu deux jours de discussions et négociations tendues pour que les parlementaires italiens parviennent à élire les présidents des deux Chambres. Et la coalition de droite a bien failli exploser à cause de la concurrence exacerbée entre Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue (ex-Ligue du Nord, extrême droite), et Silvio Berlusconi, leader de Forza Italia.
La coalition de droite et le Mouvement 5 étoiles ont finalement trouvé un accord pour se répartir les postes : la Chambre des députés revient à un orthodoxe du M5S, Roberto Fico, et celle du Sénat à une proche de Silvio Berlusconi, Elisabetta Alberti Casellati qui devient ainsi la première femme présidente du Sénat italien. Le chef du gouvernement sortant Paolo Gentiloni a aussitôt officiellement remis sa démission. Il continuera à gérer les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement.
Un casse-tête
Le président de la République Sergio Mattarella va donc pouvoir convoquer l'ensemble des mouvements politiques avant de décider à qui il confiera le soin de former le nouvel exécutif. Un casse-tête qui pourrait être long à résoudre. Aucun parti, aucune coalition n'a obtenu la majorité aux législatives du 4 mars dernier.
La coalition de droite, dominée par la Ligue, qui est arrivée en tête, revendique le pouvoir. Le Mouvement 5 étoiles, qui est devenu le premier parti du pays, estime que c'est à lui de former le gouvernement. Mais avec qui ? Au sein de la droite, Forza Italia a exclu de gouverner avec le M5S, mais la Ligue, elle, pourrait être tentée.
Un tel gouvernement risquerait de n'être que très provisoire, estime Hervé Rayner, professeur à l'Institut d'études politiques et internationales de l'université de Lausanne. « Ni les léguistes ni les membres du Mouvement 5 étoiles n'accepteraient longtemps de cohabiter ensemble. Ce serait un gouvernement mis sur pied pour procéder dans l'urgence à des réformes institutionnelles, et notamment autour du mode de scrutin », avance-t-il. Cette coalition politiquement improbable conduirait donc sans doute à l'adoption d'une nouvelle loi électorale et à un retour aux urnes. Mais le jeu reste ouvert et, pour l'heure, c'est le président de la République qui a les cartes en main.