Italie: le M5S et Forza Italia se partagent les présidences du Parlement

Après de longues tractations, les parlementaires italiens ont élu ce samedi 24 mars les présidents des deux Chambres, ouvrant la voie aux consultations pour la formation d'un gouvernement. Mais celle-ci s'annonce compliquée.

Il a fallu deux jours de discussions et négociations tendues pour que les parlementaires italiens parviennent à élire les présidents des deux Chambres. Et la coalition de droite a bien failli exploser à cause de la concurrence exacerbée entre Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue (ex-Ligue du Nord, extrême droite), et Silvio Berlusconi, leader de Forza Italia.

La coalition de droite et le Mouvement 5 étoiles ont finalement trouvé un accord pour se répartir les postes : la Chambre des députés revient à un orthodoxe du M5S, Roberto Fico, et celle du Sénat à une proche de Silvio Berlusconi, Elisabetta Alberti Casellati qui devient ainsi la première femme présidente du Sénat italien. Le chef du gouvernement sortant Paolo Gentiloni a aussitôt officiellement remis sa démission. Il continuera à gérer les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement.

Un casse-tête

Le président de la République Sergio Mattarella va donc pouvoir convoquer l'ensemble des mouvements politiques avant de décider à qui il confiera le soin de former le nouvel exécutif. Un casse-tête qui pourrait être long à résoudre. Aucun parti, aucune coalition n'a obtenu la majorité aux législatives du 4 mars dernier.

La coalition de droite, dominée par la Ligue, qui est arrivée en tête, revendique le pouvoir. Le Mouvement 5 étoiles, qui est devenu le premier parti du pays, estime que c'est à lui de former le gouvernement. Mais avec qui ? Au sein de la droite, Forza Italia a exclu de gouverner avec le M5S, mais la Ligue, elle, pourrait être tentée.

Un tel gouvernement risquerait de n'être que très provisoire, estime Hervé Rayner, professeur à l'Institut d'études politiques et internationales de l'université de Lausanne. « Ni les léguistes ni les membres du Mouvement 5 étoiles n'accepteraient longtemps de cohabiter ensemble. Ce serait un gouvernement mis sur pied pour procéder dans l'urgence à des réformes institutionnelles, et notamment autour du mode de scrutin », avance-t-il. Cette coalition politiquement improbable conduirait donc sans doute à l'adoption d'une nouvelle loi électorale et à un retour aux urnes. Mais le jeu reste ouvert et, pour l'heure, c'est le président de la République qui a les cartes en main.

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