Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
« Il n'y a jamais eu de programme du nom de Novichok en Russie ou en URSS. » Depuis le début de l'affaire Skripal, cet argument était au coeur de la ligne de défense des autorités russes.
Pourtant dans un entretien accordé à l'agence de presse étatique RIA Novosti, un scientifique présenté comme l'un des pères du Novichok reconnaît l'existence de ce programme, et donne de nombreux détails sur ce qu'il qualifie de « système d'armes chimiques ».
Dans cet entretien Leonid Rink explique aussi pourquoi à son avis, il est impossible que la Russie soit derrière l'empoisonnement de Sergueï Skripal. Mais le mal est fait : en évoquant explicitement un programme baptisé « Novichok-5 » le scientifique dément la version avancée par Moscou depuis le début de l'affaire.
Dans la journée, l'article a été modifié par l'agence de presse russe, et toutes les phrases confirmant l'existence d'un programme baptisé Novichok durant l'ère soviétique ont été retirées de la nouvelle version.
■ Les ressortissants russes expulsés quittent Londres
A Londres, quelque 80 ressortissants russes ont quitté leur ambassade mardi à l’expiration de l’ultimatum fixé par le gouvernement britannique. Une expulsion suite à l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille, plongés depuis dans le coma.
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Les diplomates expulsés ont fait leurs adieux au milieu d’un petit attroupement formé par leurs collègues devant l’ambassade russe située dans le quartier cossu de Notting Hill.
Portant valises, animaux domestiques et certains accompagnés de leurs enfants, ils ont rejoint en minibus l’aéroport de Stansted au nord de Londres pour prendre un avion à destination de Moscou : 23 diplomates britanniques feront le voyage dans l’autre sens samedi.
Ces représailles interviennent alors que Londres se demande quelle suite donner à cette première salve de sanctions. Après avoir à nouveau réuni son Conseil de sécurité nationale, Theresa May a pour le moment décidé d’en rester là tout en prévenant que d’autres mesures de rétorsion étaient « activement envisagées ».
Quant à l’enquête, elle risque de « prendre des mois » a prévenu la section antiterroriste en charge du dossier : 400 témoignages et 800 indices ont pour l’instant été récoltés par les quelque 250 enquêteurs qui ont aussi visionné 4 000 heures d’enregistrements vidéo.
Le Royaume-Uni, qui accuse la Russie d’avoir commandité l’attaque, bénéficie globalement du soutien de ses alliés même si certains pays refusent encore de pointer directement du doigt le Kremlin au grand dam de Londres qui espère malgré tout pouvoir afficher un front sans faille à l’occasion du sommet européen de Bruxelles jeudi et vendredi.
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