Allemagne: un gouvernement va être formé, après l'accord des militants du SPD

L’Allemagne devrait enfin pouvoir se doter d’un gouvernement, plus de cinq mois après les législatives. Deux tiers des adhérents du Parti social-démocrate (SPD) ont approuvé une alliance avec la chancelière d’Angela Merkel (66%).

Avec notre correspondant à Berlin,  Pascal Thibault

Les deux tiers des membres du SPD qui ont participé à la consultation interne du parti ont approuvé le contrat de coalition négocié ces dernières semaines entre les conservateurs d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates. Et ce avec un taux de participation de plus de 78 %, légèrement supérieur même à celui de 2013.

C'est un résultat qui était attendu avec suspens puisqu’il y avait de fortes résistances au sein du Parti social-démocrate. Beaucoup de membres et – dans un premier temps – même la direction, pensaient après les élections qu’il valait mieux se ressourcer dans l’opposition, après un résultat historiquement faible, plutôt que de poursuivre une nouvelle grande coalition avec la chancelière Angela Merkel.

La direction du SPD s'est félicitée de ce résultat, tout en soulignant que le parti devait oeuvrer à sa cohésion et à son renouvellement. Le chef du mouvement de jeunesse social-démocrate, opposé à l'accord, s'est déclaré déçu et veut accompagner, critique, le travail du nouveau gouvernement de grande coalition. Angela Merkel, elle, s'est réjouie de la collaboration avec le SPD, « pour le bien » du pays.

Le SPD va gouverner avec une forte opposition interne

C’est le dernier obstacle qui tombe avec ce vote. On attend encore dans les prochains jours les noms des ministres de la CSU bavaroise et ceux du SPD. L’élection de la chancelière Merkel et de son quatrième gouvernement, le troisième de grande coalition, devrait avoir lieu le 13 ou le 14 mars.

« Le SPD va gouverner avec une opposition interne forte et donc une surveillance forte à l’intérieur des instances du parti, analyse Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne. C’est un gouvernement qui prend les affaires avec six mois de retard par rapport à ce qu’Angela Merkel souhaitait et le Parti social-démocrate en ressort très affaibli. On a un Martin Schulz qui avait dit un "non" catégorique et presque agressif le soir des élections, qui ensuite finalement va se retrouver à prôner une grande coalition. Il avait dit qu’il ne souhaitait pas participer au gouvernement, il se retrouve possible ministre des Affaires étrangères. Ça a été désastreux en terme d’image pour le parti donc effectivement, le gouvernement est en place mais c’est un gouvernement très affaibli, un gouvernement quasi canard boiteux », conlut Johann Chapoutot.

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