Avec notre correspondant au Vatican, Olivier Bonnel
C'est une lettre de huit pages, écrite par Juan Carlos Cruz, victime présumée de Fernando Karadima, prêtre pédophile d'une banlieue huppée de Santiago. Il y décrit les agressions qu'il a subies et supplie le pape d'écouter ses souffrances.
Ce courrier n'est pas nouveau, révèle AP : il a été remis en avril 2015 à François en personne, apporté à Rome par des membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans la lettre est aussi accusé Mgr Barros, l'évêque d'Osorno, qui fut un proche de Karadima et que le pape a toujours soutenu.
Il y a quelques jours le Vatican a annoncé l'envoi d'un enquêteur au Chili pour écouter les victimes. Mais le pape cherche toujours des faits accusant Barros. Des faits qu'il aurait pu lire dans le courrier de Juan Carlos Cruz. Sur cette affaire il n'est pas impossible que François se soit fait influencer par l'un de ses conseillers, le cardinal chilien Francisco Errazuriz. Cet ancien archevêque de Santiago avait dit ne pas croire les victimes du père Karadima, avant d'être contraint de faire marche arrière.
Cette lettre est néanmoins très embarrassante pour le pape François. Elle jette le trouble sur sa volonté réelle de « tolérance zéro » sur les questions pédophiles, tout comme son empathie envers les victimes.