Avec notre correspondant à Rome, Olivier Bonnel
C'est un nouveau pas en arrière du souverain pontife. Dans l'avion qui le ramenait d'Amérique latine il y a dix jours, François avait déjà présenté des excuses pour avoir expliqué que les victimes d'abus sexuels devaient fournir des preuves aux accusations qu'elles portaient contre Mgr Barros.
La proximité de l'évêque chilien avec Fernando Karadima, ancien prêtre pédophile contraint de quitter le sacerdoce en 2011, a provoqué un gros scandale au Chili.
Les propos du pape avaient suscité de nombreuses réactions, à commencer par le cardinal Sean O'Malley, proche de François et président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Celui-ci avait dit comprendre la « grande peine » des victimes.
Mais si le pape a toujours maintenu son soutien à Mgr Barros, il semble désormais que le vent ait tourné. Car c'est sur la base de « certaines informations récemment parvenues », comme le précise le Saint-Siège, que François envoie son émissaire.
Mgr Scicluna incarne la ligne de « tolérance zéro » de lutte contre la pédophilie dans l'Eglise. Ancien promoteur de justice de la congrégation pour la doctrine de la foi, c'est lui qui, au début des années 2000 avait déjà enquêté sur le cas de Marcial Maciel, le fondateur des Légionnaires du Christ accusé de pédophilie. Il devrait s'envoler pour Santiago dès que possible, précise-t-on au Vatican.