« On vient de m'arrêter. Cela n'a aucune importance. Venez sur Tverskaïa. Vous n'êtes pas venus ici pour moi, mais pour vous et votre futur », a tweeté Aleweï Navalny ce dimanche. La police s'était d'abord rendue à son domicile, mais il n'y était pas. C'est donc en pleine manifestation qu'elle a dû l'interpeller.
L'opposant s'était rendu rue Tverskaïa, dans le centre de Moscou, où il n'a pas pu rejoindre ses partisans réunis place Pouchkine. « Voleurs ! Vous avez cinq minutes pour partir ! », a-t-il lancé. Puis : « Ça y est, ils arrivent, ils sont déjà là », alors qu'une dizaine de policiers se précipitaient vers lui pour l'intercepter.
Ses soutiens ont tenté en vain de s'interposer, et Alexeï Navalny a été emmené de force dans un camion aux vitres fumées. Près de 90 personnes auraient été arrêtées, selon un décompte réalisé à 11 h GMT par le site spécialisé OVD-Info. Plusieurs milliers d'opposants avaient répondu à l'appel dans le pays.
La place Pouchkine était l'un des deux lieux de rassemblement des partisans d’Alexeï Navalny à Moscou. Les manifestants se sont déplacés de cette place vers une autre, située à quelques centaines de mètres, revenant ensuite sur leurs pas. Une manifestation circulaire, peu de slogans, quasiment pas de panneaux.
Le simple fait de porter une pancarte peut en effet entraîner une arrestation, le rassemblement étant de facto considéré comme illégal par les autorités russes et par la police, qui a été déployée massivement sur les deux places et le long de l’avenue qui les relie, explique notre correspondant, Daniel Vallot.
A la mi-journée, malgré la forte présence policière, les partisans de M. Navalny se disaient déterminés à défiler et à dire leur opposition à un scrutin qu’ils qualifient de supercherie. « Nous appelons au boycott de cette élection, car sans la participation de Navalny elle n’aura aucune légitimité », confiait un participant.
Les manifestants sont souvent très jeunes. Il s'agit de lycéens, d'étudiants pour la plupart, qui sont conscients du risque encouru, le risque d’arrestation. « Nous sommes prêts à prendre ce risque, disent-ils, pour défendre la démocratie face à un système qui ne respecte pas nos droits. »
Il faut sans doute une certaine dose de détermination et de courage pour braver de la sorte les autorités russes à l'appel d'Alexeï Navalny. Toutes les personnes qui ont osé battre le pavé des rues de la capitale russe ce dimanche risquent en effet des peines d'incarcération pouvant aller jusqu'à un mois ferme.
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