Le thème de l'économie dans une région qui contribue à un cinquième du produit intérieur brut de l'Espagne est très présent dans la campagne pour les régionales anticipées en Catalogne, qui auront lieu jeudi 21 décembre. Difficile d'y voir clair sur l'impact réel de la crise indépendantiste sur l'économie espagnole. Environ 2 000 entreprises ont déplacé leur siège social en dehors de la Catalogne depuis l'annonce du référendum interdit. De quoi alimenter des débats houleux.
Les indépendantistes reprochent ainsi l'intransigeance de Madrid sur l'autonomie fiscale de la région. De leur côté, les unionistes accusent le gouvernement autonome sortant de ruiner l'économie. Ruban jaune sur la veste en hommage à son ministre emprisonné Oriol Junqueras, Pere Aragonès i Garcia, militant de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), n'en démord pas.
« C'est sûr, le mois d'octobre a été un mois complexe politiquement et cela a affecté de manière conjoncturelle la consommation, explique le secrétaire à l'économie dans le gouvernement de Carles Puigdemont. Mais si on regarde d'autres données comme la vente de véhicules aux particuliers et aux entreprises, l'activité du port et de l'aéroport de Barcelone, elles augmentent. Oui, des sociétés ont déménagé leur siège social mais leur activité est toujours ici. C'est donc plus une question psychologique qu'un effet réel sur l'économie. »
Tous les protagonistes sont d'accord sur une chose : la crise politique commence à sérieusement écorner l'image internationale de la Catalogne et il faudra du temps pour inverser la tendance.
Second référendum
L'affaire est sérieuse mais Alvaro, 19 ans, s'en amuse avec ses amis. Le cœur de cet étudiant bat à l'extrême gauche, mais il n'ira pas voter car, selon lui, tout est joué d'avance. « Si c'est l'axe qui gagne, enfin je veux dire le bloc unioniste, il va démanteler le bloc indépendantiste à petit feu puisqu'il sera au pouvoir, estime-t-il. Si les indépendantistes l'emportent, les unionistes contesteront les élections et diront que les gens ont mal voté. Je doute qu'ils se retirent de la politique. »
Près de lui se trouve Guilem, âgé de 18 ans. Pour son tout premier vote lors du référendum le 1er octobre, il avoue avoir eu la peur de sa vie face à la garde civile espagnole. Son vote de jeudi ira à la candidature d'unité populaire (CUP), le parti anticapitaliste et indépendantiste.
« On sait que ces élections ne sont pas un second référendum mais de fait, cette question est centrale. La preuve, c'est que les candidats qui ne s'en emparent pas dans les débats, sont très bas dans les sondages », explique-t-il en référence au Parti populaire catalan, affilié au parti du Premier ministre Mariano Rajoy, crédité de 6 % d'intentions de vote.