Les perquisitions ont eu lieu à Paris, au siège du groupe LafargeHolcim, et à Bruxelles, dans les bureaux de GBL (Groupe Bruxelles Lambert), la holding du milliardaire Albert Frère, actionnaire du cimentier.
Et ce ne sont pas les premières perquisitions depuis que le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire en juin dernier.
L'enquête porte sur le financement du groupe Etat islamique par Lafarge. En 2013 et 2014, l’entreprise a maintenu ses activités à Jalabiya en Syrie, dans un territoire sous contrôle de l'EI. Et pour cela, comme une enquête interne l’a confirmé, elle a dû payer des groupes armés, notamment pour passer les checkpoints des terroristes.
L'association Sherpa a été la première à porter plainte au nom d'anciens employés syriens. Plusieurs d’entre eux, réfugiés en Europe, ont d'ailleurs été entendus par la justice. C'est ensuite le ministère français de l'Economie qui a saisi le parquet.
Lafarge est aussi inquiété pour violation de l'embargo imposé en 2011. L'entreprise aurait été un client régulier du groupe EI à qui elle achetait ses matières premières.
D’anciens cadres ont déclaré que le cimentier avait eu l’aval des autorités françaises pour maintenir son activité en Syrie. L’association Sherpa a demandé à la justice d’entendre l’ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ainsi que plusieurs diplomates.
« LafargeHolcim rappelle qu'il a condamné avec la plus grande fermeté les erreurs commises en Syrie et qu'il met tout en place pour qu'une telle situation ne puisse plus se reproduire. Le dossier a été traité avec le plus grand sérieux au sein de la société qui a chargé dès 2016 un cabinet d'avocats de procéder à une enquête indépendante », a réagi Lafarge dans une déclaration transmise mardi soir à l'AFP.