De notre correspondante à Barcelone, Leticia Farine
Soixante-dix routes ont été bloquées par des manifestants dont la Gran Via de Barcelone, donnant lieu à des scènes de tensions avec certains citoyens qui voulaient se rendre sur leurs lieux de travail. La grève a également affecté les transports publics. Si les métros et les bus n’ont connu que quelques retards et ralentissements, dans certaines stations de train, la situation a été plus compliquée. Au nord-est de la Catalogne, la station de train de Gérone est par exemple complètement bloquée depuis 8h ce matin.
A la mi-journée, les manifestants se sont rassemblés certaines fois par milliers devant les différents sièges du gouvernement catalan. A l’appel des mouvements sécessionnistes que sont l’Assemblée nationale catalane(ANC), Omnium Cultural et le parti de la Gauche républicaine, ils ont appelé une nouvelle fois à la défense des prisonniers politiques et à la lutte contre l’article 155 de la Constitution. Des considérations qui sont très loin de celles affichées officiellement par l’intersyndicale CSC, qui, il faut le souligner, n’avait pas le droit de convoquer une grève pour des raisons politiques.
Contrairement à la grève du 3 octobre dernier qui avait mobilisé plus de 300 000 personnes et qui avait été très suivie, cette grève a reçu peu de soutien. L’Union Syndicale des Travailleurs et Commissions Ouvrières, les principaux syndicats espagnols ont refusé d’appuyer le mouvement. La majorité des commerces ont donc levé le rideau normalement ce matin, et dans certains quartiers de Barcelone on aurait bien pu croire qu’il s’agissait d’un jour comme un autre.
► REPORTAGE
Alors que les indépendantistes se sont rassemblés à midi devant les différents sièges du gouvernement catalan, les partis politiques pro-union eux sont partis en campagne pour les législatives du 21 décembre convoquées par Madrid. C’est le cas de Ciudadanos, parti centriste et première force d’opposition au Parlement qui s’est opposé au mouvement de grève.
Au nord-est de Barcelone, devant le marché couvert de la commune de Santa Coloma de Gramenet, Inès Arrimadas prend un bain de foule. Emmitouflée dans une grande doudoune noire, la leader de 36 ans du parti Ciudadanos en Catalogne sert les mains et accepte les selfies.
Venue pour discuter avec les commerçants dans le cadre de sa campagne pour les élections du 21 décembre, elle n’a pas hésité à critiquer vivement la grève générale : « Aujourd’hui nous endurons encore une journée qui cause d’énormes torts aux travailleurs, aux auto-entrepreneurs, aux petites entreprises, à ceux qui veulent seulement aller chez le médecin ou utiliser les services publiques pour lesquels ils paient tant d’impôts chaque année. Ça suffit de mettre le drapeau indépendantiste au dessus de tout et de l’agiter comme une baguette magique, ce drapeau ne met pas de beurre dans les épinards. Nous, les Catalans, le savons. Donc nous demandons que cette aberration se termine maintenant. »
L’influence de la crise catalane sur l’économie de la région inquiète de nombreux sympathisants pro-unité. C’est le cas de Francisco Perez, 50 ans employé dans une entreprise de services : « Tout cela nous fait du tort, ça conduit à l’augmentation du chômage, à la fuite des entreprises, cela a des conséquences très négatives pour l’ensemble de la société catalane. Nous sommes tous un peu anxieux, c’est quelque chose que nous endurons depuis un moment, et on s’y est malheureusement habitué mais la situation n’est pas facile à vivre. »
Le mouvement des grévistes se termine mercredi soir à 18h lors de rassemblements prévues devant les mairies et sur la place de la cathédrale de Barcelone.
L.F