De notre envoyée spéciale,
Carles Puigdemont, le chef du gouvernement destitué, actuellement en liberté provisoire en Belgique, a eu beau appeler à l’unité, ses anciens alliés, l’ERC, la gauche républicaine dont le chef Junqueras est, lui, en prison à Madrid, ne veulent pas reformer l’ancien attelage. Ils veulent l’élargir le plus possible, notamment à la gauche radicale, la CUP. Sinon rien ! Telles étaient les conditions émises hier par le porte-parole de l’ERC, Sergi Sabrià.
« Il y aura certainement des points programmatiques à élaborer ensemble. Quoi qu’il en soit, c’est une bonne formule pour le pays, la meilleure. Celle qui maximisera les votes, soit que l’on forme un bloc unique avec toute la force possible ou que l’on compose trois blocs en coordination, avec des militants qui défendent dans chaque bloc leur espace et leur nuance », explique-t-il.
Une grève prévue demain
Il ne reste plus que quelques heures pour déclarer les coalitions, la CUP s’exprimera en fin de semaine, il sera évidemment trop tard. Mais la formation de gauche radicale et des organisations de la société civile seront dans la rue dès demain pour un combat qui unit toutes ces forces, celui contre l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole, qui a permis à Madrid de reprendre le contrôle en Catalogne.
Ces derniers jours, sur les murs de presque toutes les villes catalanes, des affiches ont fleuri pour exiger la libération des responsables politiques emprisonnés. Ces revendications viendront se greffer à l’immense mouvement de grève prévu ce mercredi 8 novembre contre la précarité au travail.
Pas d'appel au boycott du vote
Contre toute évidence, aucune formation n’a appelé à boycotter le vote. « Oui on aurait pu penser à un boycott puisque ces élections sont imposées par Madrid ; que ni le référendum, ni la proclamation de la République ne sont pris en compte. L’article 155 est une grande agression contre les institutions catalanes. Mais cette société est très créative, combative, toujours dans la non-violence. Elle utilise son intelligence. Il est possible d’utiliser ce vote pour réaffirmer la proclamation d’indépendance. Exprimer, par des élections autorisées, que les indépendantistes sont majoritaires ici », explique Dolors Puig, la maire de la ville de Badalona dans le nord de Barcelone.
Ciudadanos, favori des sondages
Le camp dit des « unionistes » composé du parti socialiste, du parti populaire catalan, et des centristes de Ciudadanos a en commun de vouloir mettre fin au « processus » de l’indépendance. Entre les trois, le favori des sondages, c’est Ciudadanos, le parti des citoyens. Il ne formera pas de coalition avec les deux autres partis. Ils utilisent néanmoins les mêmes arguments de campagne. Par exemple, le cas de ces 2 000 entreprises qui ont déménagé leur siège social depuis le référendum.
« Le risque maintenant c’est qu’elles déménagent leur outil de production. On voit déjà une augmentation record du chômage. La Catalogne est historiquement le moteur économique d’Espagne. Il faut qu’elle reste ce moteur de croissance, de développement politique et social comme elle l'a toujours été », explique Matias Alonso, député de Ciudadanos.