Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Près de 3 000 journalistes ont perdu leur emploi depuis un an, souvent parce que le média pour lequel ils travaillaient a été fermé par décret. Soupçonné de soutenir les putschistes ou encore le « terrorisme » du PKK kurde ou de l’extrême gauche. Une définition très large qui englobe de nombreux médias d’opposition.
C’est pour l’un de ces médias que travaillait ce journaliste qui préfère garder l’anonymat : « Dans ce média, une centaine de personnes ont perdu leur travail. Et parce que nous étions considérés comme un média d’opposition, nous n’avions aucune chance de trouver un travail dans une autre rédaction. Moi, je n’ai réussi à être embauché nulle part. En fait, c’est un petit milieu, et tout le monde sait pourquoi vous avez été viré. »
Alors certains de ces journalistes ont quitté le pays, d’autres sont restés en Turquie, mais en changeant radicalement leur vie professionnelle.
« Des collègues ont dû se résoudre à faire un autre métier, poursuit le journaliste. Comme moi d’ailleurs. J’ai trouvé un travail auprès d’un menuisier ici à Istanbul, pour fabriquer des jouets pour enfants et des petites pièces en bois. »
Récemment, ce journaliste a finalement pu intégrer l’équipe d’un média d’opposition toujours en activité, sauf que les choses ne sont pas simples : dans cette rédaction les salaires n’ont pas été versés depuis six mois.
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