Avec notre correspondante à Barcelone, Leticia Farine
La grande avenue du Passeig de Gracia où s’est déroulée la manifestation était noire de monde dimanche après-midi. Drapeaux catalans, espagnols et européens, sur leurs pancartes, leurs tee-shirts, ou dans leurs mains, les manifestants ont crié tout au long du rassemblement : « Puigdemont démission » ou encore « Puigdemont en prison », mais également « Vive l'Espagne », « Vive la Catalogne » et « Vive la police nationale ».
La mobilisation s’est déroulée sans incident, dans une ambiance pacifique et bon-enfant, sous haute sécurité. Les anti-indépendantistes venus de toute la Catalogne avaient fait le déplacement en famille ou entre amis. A l'instar de José Gonzalez, 55 ans, venu accompagné de huit personnes. Il portait un chapeau avec un taureau, tee-shirt espagnol et drapeau espagnol accroché à son cou. « Je voulais être présent ici pour être avec tous les Espagnols et défendre l’honneur espagnol. Je pense que ça a été un jour très important pour toute l’Espagne et surtout pour la Catalogne. Car c’est bien cela que nous voulions revendiquer, nous sommes tous Espagnols, rien de plus. C’est important d'être ici aujourd'hui », dit-il.
Quant à la position de Puigdemont, le manifestant estime que « qu'il est en mauvaise posture parce qu’elle n’aurait pas dû aller jusqu’à cet extrême ». Et il ajoute : « Je ne pense pas que ce soit la manière de mener un pays quel qu’il soit. Je suis en faveur de l’Espagne. L’indépendance n’est jamais bonne nulle part. Car la seule chose que cela peut engendrer, ce sont des problèmes, à tous les niveaux. »
Les partisans de l’unité espagnole se sont rassemblés dans le cortège derrière les représentants des trois partis pour le maintien de la région au sein de l’Espagne, c’est-à-dire le parti socialiste catalan, le parti de centre droit Ciudadanos, et le Parti populaire, la formation de Mariano Rajoy.
De nombreuses personnes se sont succédé à la tribune. Teresa Freixas, spécialiste en droit constitutionnel catalan, a tenu à réaffirmer les valeurs et l'indivisibilité de l'Espagne.
L’association Société civile catalane, la coalition qui a convoqué la manifestation, a pris la parole pour appeler les Catalans à se rendre massivement aux urnes le 21 décembre prochain lors des élections convoquées par Madrid.
Le rassemblement s’est terminé avec l’hymne européen, l’hymne espagnol et le chant du drapeau, un ancien hymne catalan utilisé désormais par le mouvement pro-unité.
■ La Cup dénonce l’attitude de Madrid
La Cup, le parti de gauche radical indépendantiste, organisait dimanche à Sabadell, non loin de Barcelone, une conférence de presse pour dénoncer l'utilisation de l'article 155 par Madrid. Les députés de la Cup ont aussi réagi à la manifestation anti-indépendance qui s'est déroulée dimanche après-midi. Carles Riera est l'un d'entre eux. S'il salue le fait que des citoyens sortent dans la rue pour exprimer leur opinion, il dénonce l'attitude de Madrid qui chercherait à créer le trouble.
« Ce qui nous inquiète beaucoup, c'est que le Parti populaire, Ciudadanos, ou encore le PSOE laissent défiler à leurs côtés, dans leurs manifestations, des organisations d'extrême droit issues du franquisme ou du nazisme espagnol. Et selon nous cela ne permet pas à ce genre de manifestations de renvoyer l'image démocratique que devraient renvoyer toutes les manifestations qui se déroulent en Catalogne. En témoignent les divers incidents qui ont eu lieu après la manifestation, provoqués par ces membres de l'extrême droit. Ils ont été violents dans les rues de Barcelone. C'est très important de le souligner au niveau international. L'indépendantisme, le républicanisme en Catalogne s'est toujours exprimé de manière pacifique et non violente. Et aujourd'hui, c'est l'Etat qui impose la violence policière et judiciaire, et c'est l'extrême droite qui impose la violence dans la rue. »
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