Avec notre correspondant à Moscou, Etienne Bouche
Interrogé par la radio Echo de Moscou, Dmitri Mouratov répond avec gravité. Le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta énumère les attaques ayant visé des journalistes ces dernières années en Russie. Plusieurs ont été assassinés, comme Anna Politkovskaïa, journaliste emblématique de la rédaction tuée en 2006. « Le problème, c'est l'impunité. Pas une seule fois, dans aucun cas de figure, les responsables n'ont été inquiétés ! » s'indigne Dmitri Mouratov.
En Russie, l'exercice d'un journalisme indépendant est très difficile. Novaïa Gazeta publie des enquêtes sur des sujets très sensibles, comme la corruption des élites ou le sort des homosexuels en Tchétchénie. Le journal fait régulièrement l'objet de menaces et d'intimidations. La direction estime qu'elle ne peut compter sur la protection de l'Etat.
« Il ne me reste plus d'autres options. Je vais envoyer un certain nombre de collaborateurs en formation. Nous allons passer un contrat avec le ministère de l'Intérieur, nous allons commander et acheter des armes traumatiques, passer des examens... Oui, ce n'est pas une garantie. Mais où est donc la garantie ? La garantie, elle est dans la Constitution ! » s'exclame Dmitri Mouratov.
Dans la foulée, le producteur d'armes Kalachnikov a indiqué qu'il offrait une réduction aux journalistes qui souhaiteraient s'équiper. Il s'est dit prêt à les conseiller sur les questions d'autodéfense.