Catalogne: Carles Puigdemont renonce à convoquer des élections anticipées

Carles Puigdemont s'est exprimé ce jeudi après-midi depuis le siège de la Generalitat de Catalogne. Alors qu'on s'attendait à ce qu'il convoque des élections régionales anticipées, le président catalan a écarté cette possibilité.

Après avoir convoqué la presse à 13h30 puis à 14h30, Carles Puidgemont s’est finalement exprimé publiquement à 17h depuis le palais de la Generalitat. Dans une courte prise de parole, le président catalan a d'abord reconnu avoir songé à convoquer des élections régionales. « Il était de mon devoir de le tenter pour éviter l'impact sur nos institutions », a-t-il expliqué, alors que beaucoup craignent que la crise entre les indépendantistes et Madrid ne déstabilise tout le pays.

Il y a finalement renoncé, douchant ainsi les espoirs de ceux qui espéraient un apaisement et rapprochant la Catalogne d'une mise sous tutelle. « Je ne dispose d'aucune garantie qui justifierait aujourd'hui de convoquer des élections au Parlement. L'application de l'article 155 comme elle a été approuvée par le Conseil des ministres et comme elle sera approuvée par le Sénat est une application hors-la-loi, abusive et injuste », a déclaré Carles Puigdemont.

Pour le président de la Generalitat, c'est donc désormais « au Parlement catalan d'agir en fonction de ce que la majorité parlementaire décide à propos des conséquences de l'article 155. »

Un nouveau revirement

C'est un énième revirement dans la crise catalane. Mercredi soir, après une réunion de plus de sept heures avec un cercle réduit de la classe politique locale, Carles Puigdemont avait tout d’abord laissé entendre qu’il était prêt à déclarer l’indépendance de la région, raconte notre correspondante à Barcelone, Leticia Farine.

Face aux nombreuses voix dissidentes qui se sont opposées à cette décision, le président de la Generalitat a envisagé de convoquer des élections anticipées au mois de décembre. La démarche a relancé les discussions entre Madrid et Barcelone, notamment grâce au Parti socialiste catalan et aux mouvements nationalistes basques qui ont joué le rôle d’intermédiaires.

Devant le palais de la Generalitat, des centaines d'indépendantistes ont alors afflué de toute part avec des drapeaux catalans pour hurler au scandale et dénoncer une trahison du gouvernement catalan. « Peut-être qu'il s'agit d'une stratégie, peut-être qu'ils font marche arrière, on n'en sait rien, se désolait Albert Lopez, 20 ans. C'est pour cela que nous attendons qu'il fasse ce que nous voulons et ce qu'il a promis de faire. » Pour Diego Garcia, 61 ans, ces rebondissements étaient prévisibles. « Je n'ai pas vu de changement, c'est un jeu, estime-t-il. C'est un jeu entre Madrid et Barcelone pour éviter l'article 155. Mais il ne va pas être évité car le gouvernement veut en finir avec l'autonomie de ce pays qu'est la Catalogne. »

Carles Puidgemont s’est ensuite rendu au Parlement où la séance parlementaire prévue à initialement à 17h a débuté une heure plus tard. Les différents porte-parole des partis politiques de Catalogne se sont succédé pour s’exprimer sur les conséquences de l’article 155 de la Constitution. Sans surprise, les députés de Ciudadanos, du Parti socialiste catalan et du Partido popular ont critiqué ouvertement le gouvernement catalan. Le Parlement doit reprendre sa session ce vendredi midi.

Vers une déclaration d'indépendance ?

Si le Parlement catalan décide de continuer sur la voie du mandat en faveur de l’indépendance que lui ont donné les électeurs catalans lors du référendum du 1er octobre, un vote sur l’indépendance de la Catalogne pourrait intervenir dans les prochaines heures.

Et si le résultat de ce vote est favorable aux indépendantistes, le Parlement catalan pourrait proclamer dans la foulée la République de Catalogne. Si tel est le cas, l’Etat espagnol activera l’article 155 de la Constitution qui lui permet de reprendre en mains les institutions régionales.

C'est d'ores et déjà vers cette voie qu'il semble s'engager. A Madrid, quelques minutes après l'allocution de Carles Puigdemont, la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria a plaidé devant une commission du Sénat pour que soit mise sous tutelle la Catalogne afin d'« ouvrir une nouvelle étape où la loi soit respectée ». Le Sénat devrait approuver la demande d'application de l'article 155 de la Constitution en séance plénière ce vendredi.

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