Avec notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anissa El Jabri
Theresa May a compris que pour les Européens on est bien loin du compte. C’est pour cela qu'à quelques heures de l’ouverture du sommet, la Première ministre britannique a fait un geste d’ouverture sur sa page Facebook sur un dossier considéré comme une priorité absolue par les Vingt-Sept : celui des Européens vivant au Royaume-Uni.
Pas question de faire du chantage. La leader conservatrice s'est engagée pour les 3 millions d’Européens expatriés outre-Manche à être conciliante après le Brexit. « Nous voulons que les gens restent et nous voulons que les familles restent ensemble », écrit Theresa May.
Ce n'est pas sûr que ça soit suffisant pour débloquer les négociations du divorce. Les Vingt-Sept vont sans doute dans les prochaines heures à nouveau pointer les progrès insuffisants : frontière avec l’Irlande et surtout – c’est le point le plus dur de la négociation - la facture à payer.
Mais pour ne pas fermer la porte, laisser une possibilité d’avancer, ils ont aussi prévu une annonce : ils vont commencer à travailler entre eux sur la seconde phase de négociations. C’est la plus importante pour Londres, celle qui porte sur les modalités de la transition post-Brexit.
Emmanuel Macron, porte-drapeau de l'Europe qui protège?
Durant le sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement devraient délivrer un message d'unité sur la question de la Catalogne pour soutenir le gouvernement espagnol. C'est ce qu'a annoncé Emmanuel Macron à son arrivée à Bruxelles.
Le président français a rencontré le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy en tête-à-tête en fin de journée, mais de ce rendez-vous ne filtre qu'un seul élément de langage sur la crise en Catalogne : Paris soutient Madrid qui a toute la confiance française.
L'entrevue entre les deux chefs d'Etat a probablement porté également sur la question des travailleurs détachés avec l'Espagne. Le sujet du commerce n'était pas prévu au dîner des chefs d'Etat ce jeudi soir, mais le président l'a mis au menu. La position française est de dire que les critiques et le doute sur les traités de libre-échange dépassent largement l'Hexagone et qu'il est temps que l'Europe s'en préoccupe face à la montée des populismes.
Emmanuel Macron se veut donc le porte-drapeau de l'Europe qui protège, sauf que dès que l'on entre dans le concret, ses partenaires européens sont loin de tous le suivre sur tous les sujets.
Le président français a confirmé qu'il avait bien envoyé une lettre à Donald Tusk avant son arrivée, reconnaissant officiellement le drapeau européen mais aussi l'hymne et la journée de l'Europe. C'est bien sûr la réponse annoncée aux critiques de Jean-Luc Mélenchon en France, et c'est aussi un geste pour signer encore face à ses partenaires son engagement européen. Le regard des 27 sur le vainqueur de Marine Le Pen reste positif. Emmanuel Macron veut donc pousser l'avantage au risque de mécontenter.