Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Physiquement, si l’on excepte le port de la barbe, ils ne se ressemblent pas beaucoup. Le premier Jordi, Jordi Sanchez, est trapu et légèrement empaté ; le second, Jordi Cuixart, est mince et élancé. Ils n’ont pas non plus le même parcours. Le premier est un militant de la rue qui, dans les années 1980, n’hésitait pas à réaliser des actions d’éclat contre les symboles espagnols comme le drapeau, et en faveur de la langue catalane. Le second vient à la fois d'un milieu intellectuel et du monde de l'entreprise. Cuixart est d’ailleurs un entrepreneur qui a réussi.
Mais, malgré ces différences, les deux ont vu leurs destins s’entrecroiser il y a deux ans. En 2015, en effet, ils ont pris la présidence de l’Assemblée nationale de Catalogne et de Omnium Cultural. Ces deux organisations sont citoyennes et férocement séparatistes. Ce sont elles qui ont organisé tous les rassemblements massifs en faveur d’une République de Catalogne, en faveur du référendum interdit du 1er octobre, et contre « le diktat » de l’Espagne.
Aussi bien Sanchez que Cuixart ont un immense talent pour galvaniser les foules, mobiliser les troupes sécessionnistes autour de symboles, en particulier le drapeau catalan. Désormais en prison, ils ont obtenu le statut qu’ils désiraient auprès des leurs, celui de « prisonniers politiques », « sous la férule d’un Etat oppresseur ».