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Le référendum d'autodétermination en Catalogne se déroule ce dimanche dans un climat de plus en plus tendu. En milieu de matinée, la police a chargé des manifestants dans le centre de Barcelone, non loin d'une école du centre-ville où la police était entrée de force afin de saisir des urnes qui devaient servir au scrutin interdit, selon des témoins.
La charge s'est produite alors que des manifestants assis barraient le passage aux policiers qui quittaient le bureau de vote. Un manifestant, David Pujol, 37 ans, a montré une blessure à la jambe reçue dans cet affrontement et une journaliste de l'AFP a vu un deuxième blessé dans une ambulance.
« Etat oppresseur »
Plus généralement, des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent des policiers anti-émeutes porter des personnes âgées pour les écarter des bureaux de vote, d'autres ont le visage couvert de sang, des jeunes gens sont en pleurs devant une école, d'où les policiers tentent de les évacuer de force.
De nombreux Catalans, nous dit notre envoyé spécial à Barcelone, François Musseau parlent désormais de « méthodes autoritaires », d’un « Etat oppresseur ». Et de plus en plus de gens ont également des paroles dures à l'encontre de l’Union européenne, critiquée « pour son silence et pour sa facilité ».
Des policiers anti-émeutes sont aussi entrés dans le bureau, à Gérone, où devait voter le président indépendantiste de Catalogne, Carles Puigdemont, qui a néanmoins pu glisser son bulletin dans l'urne, mais dans un autre bureau.
Les violences ont provoqué l'ire de certains élus catalans. La maire de Barcelone, Ada Colau, a ainsi appelé Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, à la démission.
Près de 12 000 policiers locaux et nationaux sont ainsi déployés en Catalogne pour tenter, à la demande de Madrid, d’empêcher le vote.
Mobilisation matinale
Les pro-référendum s'étaient donnés rendez-vous très tôt, autour des bureaux de vote, ce dimanche. A 5 heures et demie ce matin, une centaine de personnes patientait par exemple devant l’école Drassanes, une école de langues de Barcelone occupée depuis samedi soir, raconte notre envoyée spéciale Béatrice Leveillé. Les Catalans qui se sont levés tôt et qui voulaient que le vote ait lieu, espéraient être suffisamment nombreux pour empêcher les forces de police de mettre les scellés sur cette école.
Ici les policiers catalans ont empêché pendant près d’une heure les manifestants de récupérer les urnes dans un véhicule à l’arrêt, juste devant l’école. Mais entouré de quelque 400 manifestants qui hurlaient « vutarem » (« nous voterons »), ils ont fini par se retirer sous les applaudissements.
Sur les réseaux sociaux, nombreuses ont ainsi été les photos et vidéos montrant la mobilisation des partisans du référendum dès les premières lueurs du jour.
Une région divisée
Le 6 septembre dernier, les indépendantistes majoritaires en Catalogne depuis deux ans avaient convoqué ce référendum, malgré l'interdiction de la Cour constitutionnelle et l'absence de consensus au sein de la société catalane.
Un sondage récent, commandé par le gouvernement indépendantiste et publié en juillet, montre que les adversaires de l'indépendance sont plus nombreux que ses partisans (49,4 % contre 41,1 %). Mais les anti-sécession ont appelé à boycotter le scrutin de ce dimanche.
Ils ont néanmoins donné de la voix, hier samedi, comme le rapporte notre envoyé spécial François Musseau. « Vive l’Espagne, une et indivisible » était un des slogans que l’on pouvait entendre et lire dans une grande marche qui s'est déroulée sur la Via Laietana, à deux pas des Ramblas, à Barcelone.