Avec notre envoyé spécial à Tarifa, Benjamin Delille
Roger est Camerounais. Quand il pense à son voyage jusqu'au Maroc, ses deux ans d'attente sur place, sa traversée du détroit, il garde un sourire un peu crispé, comme pour oublier le stress. Mais dès qu'il parle du centre dans lequel il fut interné à Tarifa, son sourire disparaît. « C'est un calvaire, c'est l'enfer, en fait. Moi, je n’avais jamais fait de prison, c'était ma première fois. C'était comme Guantanamo où vous devez être en rang. C'est une prison, pas un centre d'accueil. Et puis il y a des moments même où, là où il n'y a pas de caméras, les gars vous emmènent dans un angle et puis on vous... On vous cogne, hein ! », raconte-t-il.
« Le traitement humanitaire est le plus adapté possible »
Chaque migrant adulte en situation irrégulière doit rester soixante jours dans ces centres. Agustín Muñoz représente le gouvernement espagnol dans la province de Cadix. Pour lui, ces centres sont indispensables pour s'occuper des migrants. Il a du mal à croire ce que décrit Roger. « Certes on peut toujours mieux faire mais je vous assure que le traitement humanitaire que reçoivent ces personnes, par les services sociaux, mais aussi par la police, est le plus adapté possible », assure-t-il.
Au bout des soixante jours, les migrants sont censés être expulsés. Mais dans la pratique la majorité d'entre eux se retrouvent dans les rues espagnoles, abandonnés.