Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Ils seront dix-sept dans le box des accusés ce matin, deux journalistes vont être jugés par contumace, notamment Can Dündar, qui est réfugié en Allemagne. Ils sont accusés, en vrac, de soutenir des organisations terroristes : le PKK kurde, le mouvement de l’imam Gülen, considéré comme le cerveau du putsch raté de juillet 2016, et le mouvement d’extrême-gauche du DHK-PC…
Pour la journaliste de Cumhuriyet Mine Kirikkanat, cet acharnement contre le journal a une origine : lorsque le quotidien a publié les caricatures de Mahomet : « Tout a commencé avec la publication de Charlie Hebdo, le fameux numéro de Charlie Hebdo, Cumhuriyet était un journal très solidaire de Charlie Hebdo. C’est ça, au départ, que le gouvernement et les islamistes ne pardonnent pas à Cumhuriyet ».
Depuis, le journal est dans le viseur des autorités. A tel point que le vieux quotidien, fondé en 1924, pourrait bien ne jamais s’en remettre.
« C’est un journal qui est en train de couler en fait. Les finances de Cumhuriyet vont très, très mal depuis ces arrestations. Parce qu’aucune société privée ne donne de publicité à Cumhuriyet maintenant. C’est aussi pour cela que les choses vont mal. Les gens ont peur. On ne sait pas combien de temps on pourra résister. », souligne Mine Kirikkanat.
Cumhuriyet est un quotidien farouchement laïc, très « intello », assez bourgeois. A travers ce procès c’est toute l’élite libérale, opposée à Recep Tayyip Erdogan qui se sent jugée aujourd’hui.