Sur les écrans des ordinateurs, ce sont les bleus contre les rouges. Une grande carte plastifiée au 1/100 000e est placée au centre de la pièce. Des petits cubes en bois représentent les mouvements de troupes. « Les méchants ont attaqué dans trois directions, au nord de l'Allemagne, dans la Baltique, et en mer Noire. L’ennemi a établi une tête de pont dans la région de Constanta. Son objectif est de s’emparer de Bucarest. Pour cela, il doit franchir le Danube, et nous devons tout faire pour l'en empêcher », commente le colonel Falicon. Seul Français de la division, en charge de la conduite des opérations (CO), il prépare « les coups à jouer » pour les 24 prochaines heures.
Il s’agit des plus grandes manœuvres de l’année en Europe. Vingt-deux pays sont impliqués, dont l’Ukraine et la Géorgie, toutes deux non membres de l’Otan. Au total, 25 000 hommes sont en manœuvre sur le terrain, dont 14 000 Américains, pour une simulation de combat de haute intensité. Ce n’est pas la guerre, mais cela y ressemble.
« En aucun cas nous ne cherchons à avoir une attitude provocatrice vis-à-vis de la Russie. C'est un scénario défensif, mais il démontre notre capacité à nous déployer, rassembler des forces, et réagir, afin d'être considérés comme une défense crédible », explique le brigadier général Ovidiu Uifaleanu..
« Saber Guardian » est un exercice annuel programmé avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. « Il n’a jamais été question de l’annuler, et son programme est inchangé », assure le colonel roumain Mircea Gologan, en charge du partenariat militaire avec l’armée américaine. La relation avec le Pentagone est au beau fixe. Les Etats-Unis viennent d’autoriser la vente de missiles Patriot à la Roumanie pour 3,9 milliards de dollars.