Fin de campagne au Royaume-Uni: la remontée de Corbyn et les erreurs de May

Les élections législatives britanniques ont lieu ce jeudi 8 juin. Alors que les conservateurs pensaient être les grands favoris, depuis plusieurs semaines le parti du dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a décollé dans les sondages. Jeudi 1er juin, une enquête d’opinion lui donnait seulement quatre points d’écart avec le parti de la Première ministre Theresa May.

« Nous sommes prêts » exultait Jeremy Corbyn il y a une semaine, porté par des sondages favorables. Pour Alistair Cole, professeur à Science-po Lyon, le dirigeant travailliste a mené une bonne campagne, et a créé la surprise. « On s’attendait pas à Jeremy Corbyn. On pensait, y compris à l’intérieur du parti travailliste, que ce serait une catastrophe. Mais en réalité, il a trouvé le bon ton. »

Bon ton, certains vont même jusqu’à parler d’une Corbynmania, un terme que relativise Alistair Cole. « C’est un peu comme Mélenchon en un sens. Ceux qui ont 18 à 24 ans sont enthousiasmés par le discours de Jeremy Corbyn. Parce que c’est un discours un peu différent, vraiment à gauche. En français on dirait qu’il a "ré-enchanté le rêve britannique". Mais il ne faut pas exagérer non plus. Il y a des forces puissantes, les anciens blairistes, qui se méfient beaucoup de ce dirigeant avec un grand talent politique. »

Et pour Alistair Cole, Jeremy Corbyn a aussi beaucoup profité des erreurs de Theresa May pendant sa campagne législative. A commencer par son absence au débat télévisé du 31 mai dernier. Mais si la Première ministre est en difficulté, elle garde encore des atouts.

La sécurité s'invite dans le débat

Pour Sophie Heine, politologue, chercheuse associée à l’Université d’Oxford, la campagne de Theresa May n’est pas vraiment mauvaise, et rien n’est encore joué. Les conservateurs ont notamment pour eux le thème de la sécurité, qui a tragiquement fait irruption dans la campagne avec l'attentat de Londres.

« C’est une campagne assez honorable. La réduction de l’écart entre les conservateurs et les travaillistes dans les sondages est beaucoup plus due au côté remarquable de la campagne des travaillistes qu’à une mauvaise campagne de Theresa May. Bien entendu, elle a aussi des faiblesses. Mais je crois vraiment que Theresa May, et les conservateurs derrière elle, ont toujours des points forts sur lesquels ils ont joué durant la campagne, notamment sur la question de la sécurité. Et ce malgré les attentats. Et même si Corbyn et les travaillistes ont proféré des critiques assez fortes et justifiées, je pense que cela reste un point fort de Theresa May. »

Dans le contexte des attaques terroristes, les travaillistes rappellent haut et fort que lors de son passage au ministère de l’Intérieur, Theresa May avait supprimé vingt mille postes au sein de la police. A en juger par les sondages, la tactique semble efficace. Mais cela dit, des analystes estiment très difficile de mesurer les répercussions des attentats sur le résultat du scrutin.

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