Dans les écoles, les hôpitaux, les magasins, les transports en commun, de nombreux Britanniques ont partagé un moment de recueillement mais aussi d’absolue tristesse alors que le pays vient d’être frappé trois fois en moins de trois mois.
L’atmosphère est actuellement très sombre et les Britanniques ont les nerfs à vif. Les visages sont graves, préoccupés. Beaucoup se désolent que ces attaques brutales deviennent presque leur nouveau quotidien, rapporte notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix.
A Barking, les autorités ont invité les habitants de cette ville de banlieue à venir assister à l'hommage dans la mairie. Ils étaient nombreux au rendez-vous ce mardi. Des membres de toutes les communautés étaient présents.
« Ces gens iront en enfer »
Une minute de silence très respectée a alors été observée. Etant donné que deux des trois terroristes résidaient à Barking, il y avait un émotion particulière qui se dégageaient de cette cérémonie, rapporte notre envoyé spécial Romain Lemaresquier.
S’en est suivie une réunion dans la salle du Conseil municipal avec des représentants de toutes les communautés. Les représentants ont tenu à réaffirmer leur rejet des derniers événements, qui ne représentent en rien cette ville qui doit rester unie selon eu. « Ces gens iront en enfer », n’a pas hésité à dire le représentant de la communauté musulmane.
Et c’est très clairement le sentiment qui se dégageait dans cette salle du Conseil municipal ici à Barking, ville devenue tristement célèbre ces derniers jours et qui souhaite que cette image change. Et c’est en restant soudés, unis et solidaires, estiment certains habitants, que Barking se relèvera.
Mêlé à l'émotion, il y a aussi un sentiment de colère aujourd'hui, alors que certains de ces terroristes étaient sur le radar de la police. Au fur et à mesure qu’avance l’enquête, les Britanniques ont du mal à comprendre pourquoi ces personnes ont pu passer à travers les mailles du filet.
Les Unes des journaux ce mardi posent d’ailleurs toutes cette même question, alors qu’il ressort que l’un des assaillants était surveillé par les services de renseignement et était apparu dans un documentaire de la chaîne Channel 4 sur les extrémistes britanniques, un programme regardé il y a un an par des millions de téléspectateurs.
Les trois terroristes identifiés
C'est Khuram Shazad Butt, un Britannique âgé de 27 ans, né au Pakistan, qui était connu des services de police et de renseignement et avait fait une apparition dans le documentaire, intitulé « Mes voisins les jihadistes ». On pouvait le voir devant un drapeau noir évoquant celui de l'organisation terroriste Etat islamique.
Après l'attentat de Manchester, le 22 mai dernier, la ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd, avait expliqué que 3 000 noms se trouvaient sur une liste prioritaire de personnes surveillées par les services de sécurité. A cela s'ajoutent 20 000 individus dits « périphériques », dont faisait partie Khuram Shazad Butt. Aucun élément ne présageait sa participation à une attaque terroriste, a précisé la Metropolitan Police.
Le second assaillant identifié, Rachid Redouane, âgé de 30 ans, se présentait comme étant d'origine marocaine et libyenne, et était inconnu des autorités. il se servait aussi d'une autre identité, sous le nom de Rachid Elkhdar, avec une date de naissance différente.
Quand au troisième terroriste dont le nom a été rendu public en fin de matinée de ce mardi, il s'agit de Youssef Zaghba. De père marocain et de mère italienne, il avait été bloqué en italie en 2016, alors qu'il tentait de se rendre en Syrie, et les autorités de Rome avaient informé le Royaume-Uni de ses déplacements.
La police est désormais sur la défensive tout comme la Première ministre Theresa May qui a présidé en tant que ministre de l’Intérieur à des coupes drastiques dans le budget de la sécurité et avait accusé le syndicat de la police de « crier au loup » lorsqu’il s’y était opposé.