Massacres de Beslan: la Cour européenne des droits de l'homme condamne Moscou

En 2004, en Ossétie du Nord, à Beslan, des rebelles pro-tchétchènes avaient pris toute une école en otage. L’assaut mené par les forces de sécurité russes s’était soldé par un bain de sang: plus de 330 civils tués, dont 186 enfants, et quelque 750 blessés. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé, mercredi 12 avril 2017, que la Russie avait fait preuve de « graves défaillances » dans le traitement de cette prise d’otages, condamnant Moscou à verser 3 millions de dollars aux plaignants.

Plus de 400 citoyens russes avaient saisi la Cour européenne des droits de l’homme parce que, expliquaient-ils, l’enquête menée par la justice russe s’était enlisée voilà des années. Ces survivants et ces proches de victimes cherchaient toujours des réponses à leurs questions, des réponses que la cour a apportées, mercredi 12 avril 2017, sans prendre de gants avec Moscou.

Selon la CEDH, les autorités russes disposaient de suffisamment d’informations précises indiquant qu’une école de la région allait être attaquée et les autorités n’ont pas empêché les terroristes de se rencontrer pour préparer l’attaque ou de se déplacer le jour de la prise d’otages. La sécurité de l’école n’a pas été renforcée, le public et le personnel n’ont pas été prévenus de la menace.

Aussi, il y a eu de « graves défaillances » dans la préparation et le contrôle de l’assaut, avec un usage disproportionné de la force, et des armes lourdes (canons d’assaut, lance-grenades, lance-flammes) utilisées par les troupes d’assaut qui ont fait des victimes supplémentaires parmi les otages.

Moscou veut faire appel

Le porte-parole du Kremlin a dénoncé des conclusions purement hypothétiques, et inadmissibles pour un pays qui a fait l'objet d'attaques terroristes à plusieurs reprises, alors que malheureusement le nombre de ces pays ne cesse d'augmenter. Dimitri Peskov a ensuite déclaré qu'il avait parlé sous le coup de l'émotion.

Le ministère russe de la Justice a annoncé son intention de faire appel, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Il estime que certains arguments de la CEDH ne sont pas fondés, que les juges n'ont pas suffisamment pris en compte la gravité de la situation et les risques de l'opération de sauvetage effectuée par les structures de l'ordre. Il rappelle que d'après l'enquête effectuée par la Russie, les forces spéciales ne sont pas responsables des victimes civiles.

Le ministère se félicite néanmoins du satisfecit de la CEDH concernant les mesures prises par les autorités russes pour accorder une aide financière, psychologique, sociale et médicale aux victimes.

Les mères de Beslan, qui regroupent les familles de victimes, regrettent pour leur part de ne pas avoir de réponse à leurs interrogations sur les responsables de cet acte terroriste. Quant aux avocats des familles, ils ont l'intention, après cet arrêt, de demander la traduction devant la justice russe des autorités responsables. Jusqu’à ce jour, malgré le nombre élevé de victimes - plus de 330 civils tués, dont 186 enfants, et quelque 750 blessés -, aucun officier responsable de l’assaut n’a été inquiété.
 

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